7. Un héros de la Nouvelle-France s’ajoute à la liste : survol des commémorations de Jacques Marquette

 

Cliché de la fameuse statue de marbre blanc de Gaetano Trentanove érigée en 1897. Offert par le Wisconsin, ce monument fait partie de la National Statuary Hall Collection du Capitole de Washington. Illustration puisée sur le site Architect of the Capitol, à la page suivante : http://www.aoc.gov/cc/art/nsh/marquette.cfm. Image reproduite avec l’autorisation du Architect of the Capitol.

 

L’accumulation des sources historiques en lien avec Jacques Marquette nous permet d’affirmer que cet explorateur du 17e siècle fait partie des illustres pionniers de la Nouvelle-France qui se sont distingués du commun des mortels en menant à terme un projet d’envergure. Il est d’ailleurs, sans conteste, le plus célèbre des missionnaires jésuites du 17e siècle ayant œuvré en Nouvelle-France. Mieux encore, sa notoriété nous permet de l’inscrire parmi la courte liste des personnages historiques religieux les plus connus et les plus commémorés en Amérique du Nord. D’ailleurs, l’engouement que provoque toujours Jacques Marquette en tant que personnage historique auprès des populations habitant dans les états du MidWest américain ne se dément pas [171] .

 

En ce sens, cet essai de maîtrise ne vise nullement à réhabiliter Marquette parmi les personnages marquants de l’histoire puisque sa notoriété n’est pas à refaire. En revanche, notre analyse du parcours biographique de Jacques Marquette présenté dans la Narration et le Récit se voulait un exercice nous permettant de visualiser le processus ayant métamorphosé l’homme de son temps en véritable héros. Par ricochet, nous supposions que les arguments contenus dans le Récit des voyages sont ceux que l’Histoire a retenus, amplifiés et transmis au fil des ans. Un survol des commémorations en lien avec le missionnaire est un moyen efficace de valider cette hypothèse.

 

La consécration nord-américaine sous forme d’événements commémoratifs

 

L’année 1873 est une date à retenir en ce qui a trait à la consécration du jésuite puisque celle-ci marque le bicentenaire de la découverte du Mississippi par Jolliet et Marquette. Pour souligner l’événement, le Journal de Québec publie un long article relatant la découverte du Mississippi [172] . Ce dernier fait ni plus ni moins l’historique de Marquette en mettant en valeur les éléments d’héroïsation du «vénérable enfant de Loyola [173] ». Le but est simple, il s’agit d’illustrer à quel point Marquette est un modèle accompli d’obéissance et d’abnégation : «Le noble enfant de Picardie, en soupirant après les solitudes de notre continent, obéissait aux plus généreuses aspirations et se proposait d’imiter en tout le dévouement et l’immense charité de saint François-Xavier, un des plus beaux modèles de la perfection évangélique [174] .» Son courage est mis en évidence et la lecture de cet article dévoile le portrait d’un père tendre et affectionné, d’un saint homme animé d’un «zèle intrépide et d’une charité inépuisable [175] ». L’héroïsation du personnage est présente du début à la fin, il n’est donc pas étonnant de constater que les qualificatifs positifs à l’égard du missionnaire abondent : «Le Rév. Père Marquette était instruit, bon observateur, écrivain exact, ennemi de toute exagération, simple et sans ambition. Ces aimables qualités n’étaient surpassées que par son zèle. Son nom est encore cher aux peuplades de l’ouest [176]

 

Pour ce bicentenaire, une soirée littéraire et musicale est également orchestrée à l’Université Laval. Selon les organisateurs, il convient alors que «Québec ne laiss[e] pas passer ce 200e anniversaire sans rendre aux hardis explorateurs un juste tribut d’hommages, sans rappeler à la génération actuelle leurs titres de gloire [177] .» Il est souligné que l’organisation, menée par l’Université, s’acquitte de la «dette nationale» encourue par l’événement. Plutôt chargé, le programme de la soirée contient une partie musicale, de la poésie ainsi que des cantates de circonstances. Entre autres, la soirée est agrémentée par la poésie de Routhier et de Fréchette [178] . Cet événement n’est pas isolé puisque des fêtes analogues ont également lieu dans plusieurs villes des États-Unis. Ceci dit, il importe aux organisateurs de partir le bal de ces festivités nord-américaines: «Québec, où naquit l’immortel Jolliet, d’où partirent les intrépides voyageurs, Québec n’[a]-t-il pas le premier droit à exercer, le premier devoir à remplir [179]

 

Or, bien que ce bicentenaire suscite un engouement non négligeable, l’«année Marquette» représente certainement, sous un angle historique, l’événement commémoratif le plus important et le plus impressionnant. Cette «année Marquette» correspond au tricentenaire de la naissance de l’explorateur français, soit l’année 1937. Pour l’occasion, une panoplie d’articles portant sur tous les aspects de la vie de Marquette sont publiés dans diverses revues périodiques (The Messenger of the Sacred Hearth, The Catholic World, Jesuit Mission, Time Magazine, America et Mid-America) ainsi que dans plusieurs journaux tels que le New York Times, le New York American, le New York Sun, le Bergen Evening Record, le Washington Herald ou encore le New York Herald Tribune. À cela s’ajoute la lecture des récits de Marquette dans près de deux cents écoles réparties dans toutes les grandes villes des États-Unis. Par ricochet, notons que des pèlerinages sont également organisés à Ludington vers le lieu du décès du missionnaire. Puis, le 1er juin, la ville de Chicago célèbre ce tricentenaire par un Service solennel à la Cathédrale, de même que par une parade militaire et des manifestations sur le Pont Marquette.

 

Dans la même veine, le 1er juin est proclamé «Marquette Day» par le Gouverneur de l’État du Wisconsin qui dépose une couronne sur la statue de Marquette au Capitole de Washington. À noter que des manifestations similaires à celles de Chicago ont alors lieu. Au Sénat, l’honorable F. Ryan Duffy prononce un discours en l’honneur du jésuite explorateur au nom du Wisconsin. L’avant-veille, soit le 30 mai, un récit récapitulatif de la vie de Marquette est diffusé par toutes les stations du réseau national de radio à partir des postes de Cincinnati et New York. Le premier poste couvre un réseau radiophonique à travers le Mid West, alors que le second couvre les grandes villes du nord-est que sont Boston, New York, Philadelphie et Baltimore. À l’aide d’enregistrements électriques, cette diffusion portant sur la vie de Marquette se poursuit pendant plusieurs mois par quelque 134 autres stations de radio réparties sur l’ensemble du territoire américain. Finalement, soulignons que le Président Roosevelt proclame le 27 mai 1937 que le 1er juin sera «observé» comme jour national. Il ordonne que le drapeau américain soit arboré sur tous les établissements gouvernementaux afin d’honorer Marquette, puis insiste pour que le peuple observe ce jour par des cérémonies religieuses et civiques appropriées dans les écoles, les églises et autres endroits publics [180] . Bien que ce symbolique exemple de consécration envers Marquette se déroule en sol américain, soulignons que le tricentenaire est également célébré au Canada et en France sous diverses formes plus modestes.

 

Cliché des canoéistes ayant entrepris de refaire le voyage de Jolliet et Marquette sur le Mississippi dans la foulée du «Marquette Tercentenary Celebration» de 1973. Photographie prise à leur arrivée à De Pere (Wisconsin), par la Fox river, en 1973. Document d’archives du The Detroit News. Image puisée à même l’article de Vivian M. Baulch intitulé «The mystery of Pere Marquette's final resting place». Illustration prise dans la section «Click for more photos» sur le site du The Detroit News Rearview Mirror, à la page suivante : http://info.detnews.com/history/story/index.cfm?id=158&category=people.

 

Tout aussi symbolique est cette reconstitution historique du voyage d’exploration de Jolliet et Marquette organisée en 1973 par la ville de De Pere. À ce moment, l’objectif est de souligner le tricentenaire de la première expédition européenne sur le Mississippi. Dans la même veine, mentionnons que le raid sportif en canot effectué par quatre Français, en 1954, sur les «traces de Marquette» est en soit un élément commémoratif tout aussi symbolique puisque ces derniers s’étaient ni plus ni moins fixé comme objectif de rappeler l’extraordinaire épopée de l’un des pionniers de la Nouvelle-France. Aussi, c’est dans une même optique de reconstitution historique que les habitants de Chicago assistent, en 1933, au dévoilement d’une réplique de la cabane où Marquette passa l’hiver de 1674-1675. Le tout, inauguré avec le lustre théâtral propre à un tel événement.

 

Sans trop insister sur les détails entourant ces événements, relevons que la consécration de Marquette se produit généralement à des dates correspondant à un événement important dans la vie du héros (le bicentenaire de sa découverte du Mississippi ou le tricentenaire de sa naissance en sont de bons exemples). L’événement est alors souligné en grandes pompes. Par contre, la commémoration publique du personnage peut être également présentée de diverses façons. Ainsi, de nombreux écrivains américains ont chanté les exploits de Marquette. Qu’il s’agisse de John Bach, Mc Master, William Henry Melburn, Sparks, Longfellow et principalement l’historien Bancroft, ces auteurs ont tous en commun le fait d’avoir écrit d’éloquents discours à la louange de Marquette. D’ailleurs, un court extrait de Bancroft nous permet de bien saisir tout l’engouement suscité par Marquette et son expédition dans l’imaginaire collectif :

 

«L’illustre Marquette n’est-il pas l’homme doux, au coeur grand, sans orgueil? Sa carrière n’a-t-elle pas été environnée de dangers, et cependant n’a-t-il pas exercé une influence considérable sur la destinée des peuples? Il défiait l’âpreté des climats, tantôt guéant dans l’eau, tantôt traversant les neiges, sans pouvoir se réconforter près d’un bon feu. Au lieu de pain, sa nourriture consiste le plus souvent en un peu de maïs, grossièrement concassé, ou encore de lichens cueillis sur les rochers. Son travail ne connaît aucun repos. Exposé à vivre parfois sans aucune nourriture, dormant la plupart du temps par terre, roulé dans une peau de bête, il n’en fait pas moins de longs voyages, toujours au milieu des plus grands dangers. N’est-ce pas là porter sa vie en quelque sorte dans les mains, non pas seulement tous les jours mais plusieurs fois par jour? On peut l’affirmer, un tel homme vit comme un malheureux, dont la tête est mise à prix; car à tout moment il peut craindre ou l’esclavage, ou la mort par le tomahawk, les tortures ou le feu… Les nations de l’Ouest lui élèveront un monument [181]

 

Reproduction de la première page de l’article intitulé «Pere Marquette» du The Tribune  (Wisconsin) datant du 14 août 1879 relatant l’inauguration d’un monument à Mackinac le 9 août 1879. Image puisée dans la section «Wisconsin Local History & Biography Articles» du site de la Wisconsin Historical Society (wisconsinhistory.org), à la page suivante : http://www.wisconsinhistory.org. Illustration reproduite avec l’autorisation de la Wisconsin Historical Society, tous droits réservés.

 

Ceci dit, la commémoration vise généralement à souligner les événements, les lieux et les anniversaires les plus mémorables en lien avec Marquette. Elle a également pour objectif de rapprocher des individus ayant un passé et des intérêts communs. Ainsi, relevons que la commémoration de Marquette s’effectue essentiellement dans des endroits où la religion catholique est présente (dans l’État du Wisconsin, de l’Illinois, du Michigan ainsi que dans la province de Québec). Cette commémoration se produit également à une époque où l’Église joue encore un rôle important dans la société. Étant à la fois héros religieux et explorateur, l’exploit de Marquette mérite d’être souligné par les autorités religieuses. À ce chapitre, il ne faut surtout pas oublier que la notoriété publique de Marquette est essentiellement due au travail des religieux, et principalement des Jésuites.

 

Dans ce contexte, à quel besoin répond la commémoration de Jacques Marquette? Elle offre tout simplement un modèle à imiter. Ses écrits font ressortir à maintes reprises son courage. C’est d’ailleurs cette vertu, combinée à sa persévérance, qui lui permet de réaliser son projet. Ainsi, Marquette devient un modèle pour quiconque ayant un rêve à réaliser. Par contre, son récit rappelle aussi l’importance d’être fidèle à Dieu. En effet, le Tout-Puissant intervient à plusieurs reprises tout au long des voyages de l’explorateur missionnaire. Il est assez évident que les autorités en charge d’organiser ces commémorations veulent passer un message : gardez la foi! En effet, nul doute que la promotion de la foi est directement associée à l’ensemble des commémorations de Jacques Marquette puisque cette foi est présentée comme étant le meilleur instrument pour atteindre ses buts. Ainsi, nous sommes à même d’affirmer que la combinaison de tous ces éléments justifie la commémoration publique dont Marquette a bénéficié.

 

Cliché d’une reconstitution historique datant de 1936 recréant l’épisode des funérailles de Marquette. Document d’archives du The Detroit News. Image puisée à même l’article de Vivian M. Baulch intitulé «The mystery of Pere Marquette’s final resting place». Illustration prise sur le site du The Detroit News Rearview Mirror, à la page suivante : http://info.detnews.com/history/story/index.cfm?id=158&category=people.

Or, toutes aussi orchestrées qu’elles soient, ces festivités prennent véritablement leur envol à la suite d’un élément déclencheur incontournable : la découverte du tombeau de Marquette, le 4 septembre 1877. Il nous importe ici de rappeler brièvement les circonstances de cette importante découverte en lien avec le célèbre missionnaire. Le lecteur se souvient que les restes de Marquette ont été transférés en grande pompe par des Kiskaskons en l’église de la Mission de Saint-Ignace, à Michillimakinac, le 7 juin 1677. Or, construite de bois, cette chapelle est la proie des flammes en 1706. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la tombe de Marquette est alors vraisemblablement abandonnée par les jésuites de l’endroit et le destin veut qu’elle disparaisse, au fil des ans, sous la végétation de ce lieu qui devient, à son tour, un endroit effacé. Comme si le Tout-Puissant intervenait pour souligner le bicentenaire de la translation des os de son «soldat du Christ», des travaux de défrichement se déroulent au même endroit à la fin de l’été de 1877 [182] . Le déblaiement permet alors de retracer les vestiges de la chapelle ainsi que ceux de la maison qui abritait les jésuites. Puis, des fouilles organisées dans le périmètre délimité par les anciennes fondations de l’église permettent au Père Edward Jacker et son équipe de mettre à jour les restes de Marquette le 4 septembre 1877 [183] . Trente sept fragments d’os ressortent des débris sur un large morceau d’écorce arrondi qui servait possiblement de fond à un coffre. L’observation d’une incision très nette de l’os frontal produit par un instrument tranchant dont se servaient les Kiskaskons contribue alors à identifier la dépouille comme étant celle de Jacques Marquette.

 

Cliché du calice en or préservé au sein de l’église paroissiale de St-Ignace (Michigan). Il est généralement avancé que celui-ci a été utilisé par le Père Marquette durant son séjour à la mission St-Ignace. De plus, le discours populaire veut que l’objet ait évité la destruction par les flammes, lorsque l’église de la mission a été consumée en 1706, grâce aux Illinois convertis. Photographie prise par le membre «disap» et puisée sur le site de webshots.com, à la page suivante : http://community.webshots.com/photo/122892723/122897999rBlQaa#. Image reproduite avec l’autorisation du CNET Networks, Inc., Copyright 200_, tous droits réservés.

Sans contredit, cette découverte relance la renommée du jésuite dans la quasi totalité de l’Amérique du Nord. Une série d’hommages en l’honneur de celui qui est perçu comme «un pionnier de la civilisation et un bienfaiteur de l’humanité [184] » émergent les unes après les autres au sein de communautés qui considèrent Marquette comme une de leurs gloires nationales. N’oublions pas que nous sommes dans une période historique où les jeunes nations d’Amérique se cherchent des héros. À ce chapitre, le Congrès des États-Unis ouvre grande une porte, en 1864, lorsqu’il est convenu que l’ancienne salle affectée aux débats des représentants doit être transformée en musée pour lequel chacun des États est invité à y placer la statue de deux hommes illustres ayant le plus contribué à sa gloire. La mise à jour de la dépouille de Marquette tombe donc à point puisque le Wisconsin choisit, dès 1887, de hisser Marquette au rang de héros national et de proposer la statue du jésuite au Congrès. Ce dernier accepte la proposition, ce qui permet de mettre en branle la confection de la statue en 1893.

 

Une succession d’inaugurations de monuments à la gloire de Marquette

 

Cliché du National Statuaty Hall, situé au Capitole de Washington, vu du côté sud. Illustration puisée sur le site Architect of the Capitol, à la page suivante : http://www.aoc.gov/cc/capitol/nat_stat_hall_1.cfm. Image reproduite avec l’autorisation du Architect of the Capitol.

 

En février de 1897, la statue de marbre blanc en l’honneur du Père Marquette est érigée dans le Musée du Capitole à Washington aux frais du Wisconsin. À cette date, elle est installée sur le côté ouest de la salle, appuyée contre l’un des gigantesques piliers qui ornent le pourtour de cette dernière. Aussi, elle se retrouve alors entre la statue de bronze du général Philippe Kearney offerte par l’État du New Jersey et le marbre blanc du Président Abraham Lincoln [185] . Sur son piédestal, le visiteur peut y lire l’inscription suivante :

 

«Wisconsin’s Tribute

___________________________

 

James [Jacques] Marquette S.J.

Who with Louis Joliet [sic]

Discovered the Mississippi River

At Prairie du Chien, Wis.,

June 17, 1673»

 

Cliché de la statue de marbre érigée à la mémoire de Jacques Marquette, située au Capitole de Washington. Œuvre de Gaetano Trentanove offerte par l’État du Wisconsin à la National Statuary Hall Collection en 1896.

 

Cette magnifique représentation de Marquette a vu le jour grâce au savoir-faire de l’artiste italien Gaetano Trentanove. Les recherches du sculpteur florentin pour trouver un portrait ou un simple croquis du jésuite ayant été veines, il ne lui restait plus qu’à s’inspirer de la peinture du P. Charlevoix pour compléter son marbre [186] . Par conséquent, il nous est difficile de mesurer l’exactitude ou la ressemblance de la statue avec le personnage [187] . En revanche, nous sommes à même de constater que ce n’est pas sans raison que cette reproduction mesurant 7’7 pieds (approximativement 2.35 mètres) est considérée comme une véritable oeuvre d’art, voire la plus belle réalisation artistique de la Statuary Hall Collection. À ce chapitre, les termes employés par Hamy pour décrire cette impressionnante statue de Marquette sont éloquents :

 

«La figure, bien taillée, présente un front élevé; l’artiste a donné au modèle le nez classique des Grecs et un regard pénétrant. La barbe laisse deviner un menton ovale, et l’ensemble respire tout à la fois le repos dans la contemplation, beaucoup d’énergie et une extrême bienveillance. La chevelure retombe abondante en boucles, par derrière, sur les oreilles et sur le cou, dans le but de faire mieux ressortir la virile délicatesse des traits. De la main gauche, le sujet tient un pan du manteau bien drapé, comme la soutane. La main droite présente la carte du Mississippi. Enfin un chapelet pend de la ceinture à gauche et un crucifix y est inséré à droite [188]

 

«Jacques Marquette». Il s’agit ici d’une photographie tirée des reproductions en héliogravure concoctées en 1900 à partir de la photographie du portrait à l’huile de R. Roos réalisé en 1669. Image prise dans l’ouvrage de Josiah Seymour Currey, Chicago: Its History and Its Builders: a Century of Marvellous Growth. 5 vol. Chicago, S.J. Clarke Publishing Co., 1912.

 

Quoi qu’il en soit, tout n’est pas rose en ce qui a trait à l’inauguration de cette statue en l’honneur de Marquette. En effet, d’ordinaire, le protocole veut que l’État fasse une présentation solennelle commémorant le personnage ayant été choisi. Ensuite, le Congrès approuve ce choix et il ne reste qu’à présenter au public la nouvelle statue. Or, à quelques semaines de l’inauguration, la controverse entourant le choix du Jésuite prend de plus amples proportions dans l’État voisin du Michigan. L’agitation naît d’un groupe de journalistes peu enclin à l’idée de voir que tant d’honneurs sont accordés à un prêtre de l’Église catholique romaine, et de surcroît un Jésuite. Résolus de provoquer une opposition auprès de la population, ils rédigent des articles désapprouvant ce choix de la part du Wisconsin, prenant soin d’y ajouter certaines rumeurs concernant la prétendue venue de divers dignitaires de l’Église catholique, de même que d’ambassadeurs de France et d’Italie.

 

M. Linton, alors représentant du Michigan, profite de toute cette mouvance médiatique pour désapprouver haut et fort l’érection de la statue de Marquette. L’idée que l’explorateur missionnaire soit destiné à illustrer ce jeune pays ne cadre pas avec le point de vue de Linton. À son avis, le jésuite n’est pas un enfant de l’Amérique. Qui plus est, il n’est qu’un prêtre dépourvu du concept de liberté, liberté sur laquelle reposent les fondements des États-Unis. Et, comble d’ironie, l’emplacement de la statue de Marquette voisine celle d’Abraham Lincoln, un personnage davantage symbolique, aux dires du représentant du Michigan, qui voit en lui un martyr, mais aussi un ami de la liberté ayant combattu l’esclavagisme. Sa désapprobation est telle qu’il dépose une requête visant à faire enlever la statue de Marquette du Capitole.

 

Après avoir boudé les attaques et la résolution de M. Linton, le Sénat accepte à son tour l’œuvre de Trentanove. Mais, l’agitation causée par la presse a pris de telles proportions au fil des semaines que le gouvernement décide de supprimer la cérémonie d’inauguration. La statue est alors découverte sans cérémonie publique, puis placée sous surveillance jour et nuit pendant quelques jours. C’est dire toute l’influence qu’ont eu les protestataires. Or, les multiples discours prononcés devant le Congrès balayent à leur tour cet incident et permettent de rétablir dignement Marquette au rang du panthéon héroïque des États-Unis. En raison de leur trop grande quantité ainsi que de leur volume, il nous est impossible de reproduire la totalité de ces discours honorifiques. Par contre, nous nous permettons d’inclure quelques extraits de discours prononcés à la louange de Marquette par divers sénateurs, en 1896, soit au moment où l’État offre officiellement la statue à Washington.

 

Reproduction de la première page de l’article intitulé «Accepted the statue» du Milwaukee Sentinel datant du 30 avril 1896. Image puisée dans la section «Wisconsin Local History & Biography Articles» du site de la Wisconsin Historical Society (wisconsinhistory.org), à la page suivante : http://www.wisconsinhistory.org. Illustration reproduite avec l’autorisation de la Wisconsin Historical Society, tous droits réservés.

 

John Lendrum Mitchell, sénateur du Wisconsin déclare que «Marquette est le seul grand caractère historique identifié avec notre État. Sur les pages de l’Histoire, son nom brûlera plus éclatant à mesure que la durée s’avancera.» :

 

«Gentleness, courage, self-sacrifice, were the characteristics of Marquette. In fortitude he was the equal of his brother missionaries. In native refinement and in education he was their superior. He was zealot, if you will… But the qualities of priest and of Jesuit had no part in determining Wisconsin’s choice of Marquette for the honors of Statuary Hall. His pure and saint-like life, his writings and his fame as the explorer of the Mississippi controlled the selection. He was the first white man to traverse our territory and write a description of it. He was the first to map out our confines. He gave a name to the river after which our State is called. On our soil he planned his voyage of discovery. From our borders he first caught sight of the waters of the Mississippi. Marquette is the one great historic character identified with our State. Wisconsin has developed many notable men. They are the men of yesterday who may seem great to-day, but to-morrow their names will be lost in obscurity. Not so with Marquette. On the pages of history his name will shine the brighter as time goes on [189]

 

À son tour, William Freeman Vilas, également sénateur du Wisconsin, ajoute que le

 

«Wisconsin should be permitted, at once and together, to recognize and honor the men who daringly planted there the first abode of civilization; to distinguish and illustrate the noblest character in the vanguard of its march – the missionary of Christ; and to celebrate also the famous triumph of geographic exploration from within her borders, by raising here the marble effigy of that gentle, devoted, high-souled, fearless priest and teacher, James Marquette, the discover of the Mississippi… Sir, no balance can invidiously weigh in competition the variant elements of merit in the many who have lifted the veil of mystery over hidden lands. One star differeth [sic] from another star in glory. There can forever be but one Columbus; never another Magellan. But the pages will never want for readers on which are written the stories of the discovery of the Mississippi and of the sources of the Nile, nor fade the names of Livingstone and Marquette… [S]ir, from and for all the body of our good people, irrespective of race or opinion, my colleague and myself thus declare the sentiment which actuates our State, and supplement the action of its worthy governor in presenting to Congress the beautiful statue of James Marquette, in commemoration of his just renown and in illustration of the light and strength of liberty among men [190]

 

Dans la même veine, soulignons que des propos similaires avaient été tenus par l’ancien sénateur du Wisconsin, Monsieur George Clay Ginty :

 

«Le Père Marquette rayonne à travers les épais brouillards des âges. Donnons-lui sa vraie place parmi les héros de l’Amérique afin que nos fils et les enfants de nos enfants rendent honneur au patriote et à l’apôtre. Que cette œuvre soit non seulement le tribut de l’ouest américain au souvenir du noble Marquette dont l’histoire dira que l’exploration a ouvert une vallée plus étendue, plus fertile et plus riche en avantages commerciaux qu’aucune autre contrée du globe, mais encore un hommage au drapeau tricolore de la France et une preuve que le Wisconsin n’oublie pas le pays qui a envoyé un Lafayette et une armée pour aider les États-unis à conquérir leur indépendance [191]

 

Finalement, Monsieur Kyle, sénateur du Dakota du Sud, stipule que «Cette nation doit lui rendre un honneur mérité. Si Marquette représente la grande armée de missionnaires chrétiens qui ont guidé l’avant-garde des explorateurs, il a néanmoins rendu d’éminents services à notre pays comme pionnier de la civilisation [192]

 

Quelques mois après l’érection de la statue de marbre au Capitole, un riche banquier du nom de Pierre White devient le principal donateur pour un projet de monument à ériger dans la ville de Marquette (Michigan), une localité située sur la rive méridionale du Lac Supérieur. En fait, la cérémonie d’inauguration du 15 juillet 1897 dévoile une copie en bronze de l’oeuvre de Trentanove. Et, contrairement à l’érection de la statue à Washington, celle de la ville de Marquette ne suscite aucune controverse. Fait inhabituel, le monument n’orne pas une place publique ou une artère de la ville, mais plutôt une parcelle de terrain isolé transformé graduellement en parc public. À titre indicatif, soulignons que les dimensions sont identiques à celle de la statue du Capitole. En revanche, le bronze repose sur un piédestal mesurant près de 16 pieds. Sur la face intérieure de l’entablement nous pouvons y lire : «Jacques Marquette, l’intrépide explorateur.» De plus, des bas-reliefs situés sur les côtés droit et gauche du monument rappellent deux des principaux épisodes de sa vie : sa prédication auprès des Amérindiens et son débarquement à l’endroit même où s’élève la municipalité de Marquette.

 

Cliché de la statue de bronze érigée dans la ville de Marquette en 1897. À noter que ce monument est une copie du marbre de Trentanove se retrouvant au Capitole de Washington. Cette photographie a été prise avant l’enclenchement du premier «Projet Angel» visant à restaurer le monument. Les travaux, chapeautés par le Michigan Alliance for the Conservation of Cultural Heritage (MACCH), se sont déroulés du 26 septembre au 1er octobre 2004. Photographie du MACCH, reproduite avec l’autorisation de Jeanne Drewes. Image prise sur le site macch.org, à l’adresse suivante : http://www.macch.org/photo_gallery/pages/PICT0001_1_JPG.htm

Cliché de la statue de bronze érigée par la ville de Marquette en 1897. Photographie de Velvet Green Creations puisée dans la section «Marquette Area» du site superiorsights.com / Superior Sights. The Upper Peninsula of Michigan, à la page suivante : http://www.superiorsights.com/picturegalleries/upgallery.html. Image reproduite avec l’autorisation de Gina Harman de Velvet Green Creations, tous droits réservés.

 

L’inauguration de ces deux imposants monuments a des répercussions sur l’ensemble de l’Amérique du Nord puisqu’ils sont ni plus ni moins à l’origine d’un mouvement commémoratif impressionnant en lien avec le jésuite explorateur. Marquette est propulsé au rang de héros national, tant en sol américain que canadien. Ceci dit, force est d’admettre que l’admiration envers le missionnaire est plus impressionnante du côté des États-Unis. En effet, l’héroïsation de Marquette est plutôt nuancée et affublée par le compagnonnage héroïque de Jolliet au Canada, si ce n’est que celui-ci prend toute la place à plusieurs occasions. Ceci est particulièrement vrai au Québec où la population s’associe davantage à un coureur des bois d’origine canadienne-française qu’à un jésuite parachuté de France. Quoi qu’il en soit, la popularité du missionnaire prend son envol.

 

Avec un enthousiasme qui n’a rien à envier à l’éclat des statues de Washington et de la ville de Marquette, Chicago s’offre également une série de monuments élevés à la mémoire du jésuite. Le tout débute au mois d’août 1895, lorsqu’un monument est érigé dans un parc de la localité de Summit, une municipalité située en banlieue de l’actuelle Chicago. C’est à ce moment que la Chicago & Alton Railroad Co. fixe une plaque de bronze sur un bloc de pierre surélevé par une série de rochers provenant d’anciens glaciers de la région du Lac Supérieur. Ceux-ci sont alors transportés jusqu’à Summit à partir des mêmes voies navigables que Marquette avait empruntées. L’inscription apposée sur la plaque se lit comme suit : «Father Marquette Landed Here - 1675 – This Monument is Constructed of Boulders Brought by Glaciers from Lake Superior Region and Deposited in this Valley, Having Traversed the Route Later Followed by the Earlier French Explorers, La Salle, Joliet [sic] and Father Marquette – Erected by Chicago & Alton Railroad Co. – August 1895

 

Cliché du monument érigé en 1895 à Summit, une localité située en banlieue de Chicago. Pour l’occasion, la Chicago & Alton Railroad Co. fixe alors une plaque de bronze sur un bloc de pierre surélevé par une série de rochers provenant d’anciens glaciers de la région du Lac Supérieur. Ceux-ci sont alors transportés jusqu’au parc de Summit à partir des mêmes voies navigables que Marquette avait empruntées. Photographie d’Alan Gornik prise en 2006. Illustration puisée sur le site Early Chicago, à la page suivante : http://www.earlychicago.com/monuments.php?letter=M. Image reproduite avec l’autorisation de Early Chicago, Inc.

 

Le 28 septembre 1907, la Ville de Chicago et la Chicago Association of Commerce érigent la «Marquette and Joliet [sic] Cross» à l’endroit où se termine la Robey Street, soit à l’intersection de la rivière Chicago. Il est alors suggéré que ce périmètre spécifique marque le lieu où Marquette a passé l’hiver de 1674-1675. À la base de cet ancien monument cruciforme, fait en acajou, était fixée une tablette sur laquelle on pouvait y lire :

 

«In memory of Father Marquette, S.J. and Louis Joliet [sic] of New France (Canada), first white explorers of the Mississippi & Illinois Rivers & Lake Michigan 1673, navigating 2500 miles, in canoes, in 120 days. In crossing the site of Chicago, Joliet [sic] recommended it for its natural advantages as a place of first settlement, & suggested a lakes-to-the-gulf waterway, by cutting a canal through the ‘portage’ west of here where begins, the Chicago Drainage-Ship Canal. Work on this canal was begun Sept. 3, 1892 and received the first waters of Lake Michigan Jan. 2, 1900. This remarkable prophecy made 234 years ago is now being fulfilled. – This end of Robey Street is the historic ‘high ground’ where Marquette spent the winter 1674-5. – ‘To do and suffer everything for so glorious an undertaking’ Marquette’s journal. – Erected Sat. Sept. 28, 1907 – by – City of Chicago, and Chicago Association of Commerce.»

 

Cliché représentant l’ancien monument cruciforme fait en acajou érigé conjointement par la Ville de Chicago et la Chicago Association of Commerce le 28 septembre 1907. À cette date, la «Marquette and Joliet [sic] Cross» est élevée à  l’endroit où se termine la Robey Street , soit à l’intersection de la rivière Chicago. Il est alors suggéré que ce périmètre marque le lieu où Marquette a passé l’hiver de 1674-1675. Photographie prise en 1907. Illustration puisée sur le site Early Chicago, à la page suivante :  http://www.earlychicago.com/monuments.php?letter=M. Image reproduite avec l’autorisation de Early Chicago, Inc.

Cliché de la petite croix de fer commémorant Marquette autrefois installée à côté de l’ancienne «Marquette and Joliet [sic] Cross». Photographie prise en 1909. Illustration puisée sur le site Early Chicago, à la page suivante : http://www.earlychicago.com/monuments.php?letter=M. Image reproduite avec l’autorisation de Early Chicago, Inc.

 

Deux ans plus tard, une petite croix en fer commémorant Marquette est installée juste à côté de la première [193] . Puis, en 1925, un bas-relief en bronze est installé sur le Michigan Avenue Bridge. Apparaissent sur cette plaque un Amérindien, Jolliet et Marquette, ainsi que cinq voyageurs dans un canot. Au dessus de la tablette est également inscrit «In Honor of Louis Jolliet & Père Jacques Marquette.» De chaque côté du bas-relief, le visiteur peut y lire : «Chicago Portage - The Waterway West - Along these waterways and trails history has passed. The Chicago portage has served as the connecting link between the Great Lakes and the Mississippi River System. - In 1673 led by American Indians explorers Marquette and Jolliet became the first Europeans to cross the portage. This route encouraged the development of the Illinois & Michigan Canal and the growth of Chicago - This tablet is placed by the Illinois Society of the Colonial Dames of America under the auspices of the Chicago Historical Society – 1925.»

 

«French explorers Marquette and Joliet [sic] with Native Americans in canoe, Chicago River memorial, Illinois .» Cliché du bas-relief en bronze installé sur le Michigan Avenue Bridge en 1925. Apparaissent sur cette plaque un Amérindien, Jolliet et Marquette, ainsi que cinq voyageurs dans un canot. Photographie de Nancy Carter. Document d’archives PEXP2D-00008 des North Wind Picture Archives, reproduit avec l’autorisation de Nancy Carter. Copyright © North Wind / North Wind Picture Archives – Tous droits réservés. Image puisée sur le site North Wind Picture Archives, à l’adresse suivante : http://www.northwindpictures.com/results.asp?txtkeys1=Marquette,+Jacques.

«French explorers Marquette and Joliet [sic] with Native Americans in canoe, Chicago River memorial, Illinois .» Détail du bas-relief en bronze installé sur le Michigan Avenue Bridge en 1925. Apparaissent sur cette plaque un Amérindien, Jolliet et Marquette, ainsi que cinq voyageurs dans un canot. Photographie de Nancy Carter. Document d’archives PEXP2D-00009 des North Wind Picture Archives, reproduit avec l’autorisation de Nancy Carter. Copyright © North Wind / North Wind Picture Archives – Tous droits réservés. Image puisée sur le site North Wind Picture Archives, à l’adresse suivante : http://www.northwindpictures.com/results.asp?txtkeys1=Marquette,+Jacques.

 

Toujours en lien avec le Michigan Avenue Bridge, relevons que l’oeuvre de béton du sculpteur James Earle Frazer est dévoilée sur le pylône nord-est de ce pont en 1930. Intitulé «Discovers», ce monument vise à commémorer quatre des principaux explorateurs de la vallée du Mississippi, à savoir Louis Jolliet, Jacques Marquette, René-Robert Cavelier de La Salle ainsi qu’Henri de Tonty. De façon plus précise, soulevons que cette magnifique sculpture nous expose ces quatre personnages historiques, tous entourés d’Amérindiens et protégés par la bienveillance d’un Ange Gardien. De plus, sur son soubassement, le visiteur peut y lire l’inscription suivante : «The Discoverers - Jolliet, Father Marquette, La Salle, and Tonti will live in American history as fearless explorers who made their way through the Great Lakes and across this watershed to the Mississippi in the late seventeenth century and typify the spirit of brave adventure which has always been firmly planted in the character of the middle west. - Presented to the City by William Wrigley Jr. - 1930.»

 

Cliché du monument intitulé «Discovers» dévoilé sur le pylône nord-est du Michigan Avenue Bridge de Chicago en 1930. Cette sculpture de James Earle Frazer vise à commémorer quatre des principaux explorateurs de la vallée du Mississippi, à savoir Louis Jolliet, Jacques Marquette, René-Robert Cavelier de La Salle ainsi qu’Henri de Tonty. Illustration puisée sur le site Early Chicago, à la page suivante :  http://www.earlychicago.com/monuments.php?letter=D. Image reproduite avec l’autorisation de Early Chicago, Inc.

Détail de l’inscription apparaissant sur le soubassement du monument intitulé «Discovers» dévoilé sur le pylône nord-est du Michigan Avenue Bridge de Chicago en 1930. Illustration puisée sur le site Early Chicago, à la page suivante : http://www.earlychicago.com/monuments.php?letter=D. Image reproduite avec l’autorisation de Early Chicago, Inc.

 

«Marquette and Joliet exploring the upper Mississippi River, 1673 - bas-relief on Chicago River bridge.» Cliché du monument intitulé «Discovers» dévoilé sur le pylône nord-est du Michigan Avenue Bridge de Chicago en 1930. Cette sculpture de James Earle Frazer vise à commémorer quatre des principaux explorateurs de la vallée du Mississippi, à savoir Louis Jolliet, Jacques Marquette, René-Robert Cavelier de La Salle ainsi qu’Henri de Tonty. Photographie de Nancy Carter. Document d’archives PEXP2D-00010 des North Wind Picture Archives, reproduit avec l’autorisation de Nancy Carter. Copyright © North Wind / North Wind Picture Archives – Tous droits réservés. Image puisée sur le site North Wind Picture Archives, à l’adresse suivante : http://www.northwindpictures.com/results.asp?txtkeys1=Marquette,+Jacques.

 

La même année, un autre monument en l’honneur de Marquette est érigé sur la Damen Avenue.  Il s’agit d’une sculpture de E. P. Seidel confectionnée à partir d’un croquis de Thomas A. O’Shaughnessy. Celle-ci comprend une plaque de bronze sur laquelle apparaît Marquette, accompagné d’un Amérindien. L’endroit choisi est fort symbolique puisqu’il désigne le lieu où Marquette et ses deux compagnons de voyage, Pierre Porteret et Jacques Largillier, ont passé l’hiver 1674-1675 dans une cabane de fortune. L’inscription de ce monument comporte la mention suivante : «James [Jacques] Marquette, French priest of the Society of Jesus, on his mission to the Illinois Indians, spent here the winter of 1674-1675. His journal first brought to the world’s attention the advantages of soil, climate and transportation facilities in the Mississippi Valley and the Great Lakes basin. – Erected by the City of Chicago – William Hale Thompson, Mayor – Michael J. Faherty, Pres. Board of Local Improvements – Anno Domini MCMXXX.»

Cliché de l’inauguration du monument en l’honneur de Marquette érigé à Chicago en 1930. L’endroit choisi est fort symbolique puisqu’il désigne le lieu où Marquette et ses deux compagnons de voyage, Pierre Porteret et Jacques Largillier, ont passé l’hiver 1674-1675 dans une cabane. Document d’archives du The Detroit News. Image puisée à même l’article de Vivian M. Baulch intitulé «The mystery of Pere Marquette's final resting place». Illustration prise dans la section «Click for more photos» sur le site du The Detroit News Rearview Mirror, à la page suivante : http://info.detnews.com/history/story/index.cfm?id=158&category=people.

Cliché du monument élevé en l’honneur de Marquette en 1930 sur la Damen Avenue de Chicago.  Cette sculpture de E. P. Seidel a été confectionnée à partir d’un croquis de Thomas A. O’Shaughnessy. Illustration puisée sur le site Early Chicago, à la page suivante : http://www.earlychicago.com/monuments.php?letter=M. Image reproduite avec l’autorisation de Early Chicago, Inc.

 

Quelques années plus tard, soit en 1949, une plaque de béton est apposée sur le pylône nord-est du Lake Shore Drive Bridge (Chicago River Bridge). Sur celle-ci figure le sceau de la Ville de Laon auquel vient se greffer l’inscription suivante : «La Ville de Laon - La Ville de Chicago - en mémoire de Jacques Marquette.» Puis, pour marquer le tricentenaire du premier voyage d’exploration de Marquette, une croix d’une hauteur de vingt pieds, fabriquée à partir du bois d’un cèdre vieux de trois cents ans, est installée en 1973 sur Damen Avenue. Ce monument cruciforme, érigé tout près du pont de la branche sud de la rivière Chicago, succède donc à la «Marquette and Joliet [sic] Cross» ainsi qu’à la croix de fer installées respectivement en 1907 et 1909 sur Robey Street. Sur son socle est fixée une plaque de bronze sur laquelle nous pouvons lire : «Near this Site Father Jacques Marquette, S.J., Missionary, Explorer and Co-discoverer of the Illinois River, spent the Winter of December 1674 to March 31, 1675.» Dans la même veine, en 1980, une autre plaque de bronze est installée au Equitable Building Plaza située sur N. Michigan Avenue. À nouveau, il est question de commémorer le lieu du campement de Marquette sur le site de l’actuelle Chicago : «On December 4, 1674 Père Jacques Marquette, S.J. and two voyageurs built a shelter near the mouth of the Chicago River. They were the first Europeans to camp here, the site of Chicago. – Erected by Illinois Society Daughters of Colonial Wars – In our 50th year 1980.»

 

Cliché de la plaque de béton apposée sur le pylône nord-est du Lake Shore Drive Bridge (Chicago River Bridge) de Chicago en 1949. Sur celle-là figure le sceau de la Ville de Laon auquel vient se greffer l’inscription suivante : « La Ville de Laon - La Ville de Chicago - en mémoire de Jacques Marquette.» Illustration puisée sur le site Early Chicago, à la page suivante : http://www.earlychicago.com/monuments.php?letter=M. Image reproduite avec l’autorisation de Early Chicago, Inc.

Cliché de la plaque de bronze installée en 1980 au Equitable Building Plaza située sur N. Michigan Avenue, à Chicago. Ce panneau historique vise à commémorer le lieu du campement de Marquette durant l’hiver de 1674-1675, sur le site de l’actuelle Chicago. Illustration puisée sur le site Early Chicago, à la page suivante : http://www.earlychicago.com/monuments.php?letter=M. Image reproduite avec l’autorisation de Early Chicago, Inc.

 

En banlieue, plus précisément à Lyons, le Chicago Portage National Historic Site offre également son lot d’éléments commémoratifs. Ainsi, dès 1952, le Portage Park est aménagé de telle sorte que les visiteurs puissent contempler les vestiges du portage de Chicago ainsi que les sentiers qui le composent. Tout près de l’entrée principale du parc est installé un bassin de béton sur lequel nous pouvons lire : «Chicago Portage - The Waterway West - Along these waterways and trails history has passed. The Chicago Portage has served as the connecting link between the Great Lakes and the Mississippi River System. - In 1673 led by American Indians explorers Marquette and Jolliet became the first Europeans to cross the portage. This route encouraged the development of the I & M Canal and the growth of Chicago.» Mentionnons qu’en 1989, une impressionnante sculpture faite de métal est installée dans ce même bassin. Oeuvre de Guido Rebechini, ce monument stylisé nous fait voir le Père Marquette, Louis Jolliet ainsi qu’un Amérindien.

 

Cliché de la statue de Marquette érigée à l’emplacement du Portage de Chicago, à Lyons (Illinois), en banlieue de Chicago. Photo de Gary Mechanic puisée à même la chronique «Natural Events» de Jack MacRae, parue dans l’édition printemps 2004 du Chicago Wilderness Magazine, à la page suivante : http://chicagowildernessmag.org/issues/spring2004/naturalevents.html.

Cliché de l’ancienne plaque de bronze fixée sur un rocher de granit dans le Chicago Portage National Historic Site de Lyons, près de Chicago, en 1930. Commémorant le portage historique effectué par Jolliet et Marquette en 1673, cette plaque ne fait désormais plus partie du décor. Illustration puisée sur le site Early Chicago, à la page suivante : http://www.earlychicago.com/monuments.php?letter=C. Image reproduite avec l’autorisation de Early Chicago, Inc.

 

Finalement, soulignons que c’est également dans ce parc qu’une plaque de bronze avait été fixée sur un rocher de granit en 1930. Commémorant le portage historique effectué par Jolliet et Marquette en 1673, cette plaque ne fait désormais plus partie du décor. Néanmoins, relevons que son inscription se lisait comme suit :

 

«The Chicago Portage 1673-1836 - This marks the west end of the carrying or connecting place, uniting the waters of the St. Lawrence River and the Great Lakes with those of the Mississippi River, its tributaries and the Gulf of Mexico, the earliest factor in determining Chicago’s commercial supremacy. An artery of travel used by the aborigines in their migrations and later by Joliet [sic], Marquette, La Salle, Tonti and the fur traders of New France. An early strategical point in the wars incident to winning the North-West for the settlers. Discovered by Joliet [sic] and Marquette in 1673. - Erected by the Chicago Historical Society in pursuance of a plan to give posterity the facts of Chicago’s early history. A.D. 1930.»

 

L’élan commémoratif en lien avec le missionnaire explorateur qui déferle sur Chicago est certes des plus significatifs. Or, la métropole du MidWest ne fait pas cavalier seul puisqu’à son tour, une association d’hommes d’affaires de Prairie du Chien (Wisconsin) se regroupe pour ériger, en 1910, un monument sur le campus de l’Académie St. Mary’s de Prairie du Chien. Cette statue marque alors le lieu où le missionnaire explorateur entrevoit le Mississippi pour la première fois. Puis, c’est au tour de Ludington (Michigan) de rendre hommage à Marquette. En effet, les Daughters of the American Revolution (chapitre de Ludington) fixent une plaque commémorative sur un rocher de l’ancienne localité de Buttersville, annexée depuis à Ludington. Installé en 1921, ce modeste monument commémore le lieu présumé du décès du jésuite [194] . Peu après, l’inscription fixée sur ce monument de pierre est retirée puis apposée sur un rocher situé à proximité d’une colline qui devient le site officiel sur lequel est érigée la croix du Father Marquette Memorial de Ludington. Soulignons qu’en 1981, ce monument cruciforme subi des travaux de restauration et d’embellissement.

 

 

Cliché du monument de Prairie du Chien (Wisconsin) érigé en 1910 par la Business Men ’s Association de Prairie du Chien. Cette statue marque le lieu où le missionnaire explorateur entrevoit le Mississippi pour la première fois. Photographie prise par le membre «jimlalm_» et puisée sur le site de webshots.com, à la page suivante : http://community.webshots.com/photo/83565916/83566778pXLxjo. Image reproduite avec l’autorisation du CENT Networks, Inc., Copyright 200_. Tous droits réservés.

 

 

Cliché du Father Marquette Memorial situé à Ludington (Michigan) commémorant le lieu présumé de son décès. Relevons que cette croix visant à rendre hommage au Père Marquette remplace l’ancien monument de pierre de la péninsule de Buttersville, localité aujourd’hui fusionnée à Ludington. Image prise sur le site michigan.org, à l’adresse suivante : http://travel.michigan.org/detail.asp?m=2;7&p=B6549. Illustration reproduite avec l’autorisation de la Michigan Economic Development Corporation, tous droits réservés.

 

 

Cliché du monument de bronze de Jacques Marquette installé sur l’un des piédestaux du Parlement de Québec en 1921.  Image puisée sur le site du Musée virtuel de la Nouvelle-France incorporé à la Société du Musée canadien des civilisations, à la page suivante : http://www.civilisations.ca/vmnf/explor/marqu_f1.html. Illustration reproduite avec l’autorisation de la Société du Musée canadien des civilisations (SMCC).

Toujours en 1921, un bronze représentant Jacques Marquette est installé sur l’un des piédestaux du Parlement de Québec. Vient ensuite l’inauguration, en 1932, d’un monument érigé dans un parc rebaptisé «Marquette Park» de l’ancienne municipalité de Miller Beach, désormais fusionnée à la ville de Gary (Indiana). Dans la même veine, relevons que la Société des Chevaliers Catholiques d’Amérique dévoile son monument à Helena (Arkansas) en 1936. Aussi, mentionnons que maintes localités recèlent un site historique en lien avec le personnage de Marquette. Pensons à Ashland (Wisconsin), Dubuque (Iowa), Frankfort (Michigan), Green Bay (Wisconsin), Kewaunee (Wisconsin), Peoria (Illinois), Portage (Wisconsin), St. Genevieve (Missouri) ainsi que Sault St. Marie (Michigan). À ce titre, la municipalité de Grafton (Illinois) se démarque du lot avec son «Pere Marquette State Park». Commémorant le lieu où le missionnaire a pénétré dans la rivière Illinois, ce parc d’état passe pour le plus vaste de l’Illinois. Théâtre de fouilles archéologiques, l’endroit est bien connu pour son Pere Marquette Lodge and Conference Center, un auberge pittoresque incluant un foyer mesurant 50 pieds et pesant approximativement 700 tonnes. Deux monuments à la mémoire de Marquette ornent le parc. Il s’agit d’une statue du célèbre jésuite brandissant un calumet, puis d’une croix fait en dolomite.

 

 

Cliché de la statue du Père Marquette érigée à l’entrée du «Marquette Park» de Gary (Indiana). Photographie de Steve Spicer, reproduite avec son autorisation. Image prise sur le site personnel de Steve Spicer, Welcome to Miller Beach, à la page suivante : http://www.spicerweb.org/miller/park.html

 

 

Cliché du monument cruciforme accompagné d’un panneau explicatif installés à Frankfort (Michigan) afin de commémorer le lieu du décès de Marquette en 1675. Ainsi, Frankfort et Ludington sont deux localités s’attribuant l’emplacement historique des derniers jours du missionnaire. Bien que le secteur exact du décès de Marquette n’a jamais pu être identifié avec certitude, causant par la même occasion quelques débats animés au sein de la communauté historienne, la municipalité de Ludington est généralement retenue comme étant le lieu de son dernier repos. Photographie de James Brennan, reproduite avec son autorisation. Image puisée sur le site Michigan Historical Markers, à la page suivante : http://www.michmarkers.com/startup.asp?startpage=S0272.htm.

«Father Marquette offered the holy sacrifice of mass on this spot, November 1, 1674.» Plaque commémorative érigée à Kewaunee (localité située tout près de Green Bay, Wisconsin) le 1er novembre 1936 par la Kewaunee County Historical Society sur un des sites où le jésuite missionnaire a dispensé le saint sacrifice (messe). Photographie prise par le membre «seminary_» et puisée sur le site de webshots.com, à la page suivante : http://community.webshots.com/photo/48166704/48216706pHboWu#. Image reproduite avec l’autorisation du CNET Networks, Inc., Copyright 200_. Tous droits réservés.

 

Cliché de la statue de Marquette située dans le Pere Marquette State Park de Grafton (Illinois). Photographie prise le 16 août 2003, reproduite avec l’autorisation de Connie Hall. Image puisée dans la section «Photo Gallery – Pere Marquette State Park Dulcimer Festival, Grafton, Illinois» du site Miss Crystal and the Codgers (mcandc.net), à la page suivante : http://www.mcandc.net/images/marquette/marquette_11.jpg.

Monument cruciforme fait en dolomite commémorant Jacques Marquette au Pere Marquette State Park de Grafton (Illinois). Image prise sur le site de greatriverroad.com, à la page suivante : http://www.greatriverroad.com/Pere/cross.htm. Photographie reproduite avec l’autorisation de John Tomlinson de greatriverroad.com.

 

Ajoutons rapidement à cette liste des sites historiques un mémorial érigé à Utica (Illinois), un monument installé à Milwaukee (Wisconsin), une statue de bronze identique à celle de la ville de Marquette élevée à Mackinac Island (Michigan) en 1909, ainsi qu’une plaque commémorative érigée en 1954 à l’église St. Mary’s, située à McGregor (Iowa). Soulignons que cette dernière est alors financée par les Catholic Daughters of America of Northeast Iowa. Parallèlement, à ces monuments vient se greffer le Jacques Marquette National Memorial, un centre d’interprétation incluant un musée situé dans le «Straits State Park» de St-Ignace (Michigan). Par ailleurs, cette même localité offre fièrement une reconstitution de la Mission St-Ignace fondée par le Père Marquette en 1671. L’endroit comporte, entre autres, le site où le rite funéraire de la dépouille du jésuite s’est déroulé en 1677. S’ajoute à cela un parc dans lequel le visiteur peut se recueillir près de la tombe où est érigé un monument dédié au vénéré missionnaire. Finalement, l’emplacement comprend également un musée s’intéressant à la culture ojibwa. À titre indicatif, notons que c’est à la Mission Saint-Ignace que le premier monument à la mémoire de Marquette a été érigé en 1882. Il s’agit, à ce moment, d’une simple pierre surmontée d’une croix. Par ricochet, relevons que c’est deux ans plus tard que la première statue commémorant Marquette est installée sur la façade de l’ancien Hôtel de ville de Détroit. Démoli en 1961, ce joyau de l’architecture comportait, entre autres, quatre niches dédiées à l’héritage français, dont l’une qui abritait la statue de Marquette [195] . Relevons qu’au moment des travaux de déconstruction, cette dernière a été relocalisée au Fort Wayne Museum.

 

Cliché du Pere Marquette Memorial érigé à Utica (Illinois). Photographie prise par le membre «chascarper» et puisée sur le site de webshots.com, à la page suivante :http://community.webshots.com/photo/169964456/169965318dNMJnD. Image reproduite avec l’autorisation du CENT Networks, Inc., Copyright 200_. Tous droits réservés.

«Le Père Marquette à Milwaukee, Wisconsin». Ce monument marque le site où  Jacques Marquette et ses deux compagnons de voyage, Pierre Porteret et Jacques Largillier, auraient campé du 23 au 27 novembre 1674 avant de repartir vers l’actuelle Chicago. Photographie de Jacques Laurent Robillard, reproduite avec son autorisation. Image prise à même le texte de Jacques Laurent Robillard intitulé «LE PÈRE MARQUETTE À MILWAUKEE, WISCONSIN entre la rivière Milwaukee et la "Milwaukee City Historical Society"». Ce dernier apparaît sur le site Wisconsin’s French Connections de l’University of Wisconsin à Green Bay, à la page suivante : http://www.uwgb.edu/wisfrench/photos/marqmon.htm.

 

Cliché de la statue de bronze du Père Marquette érigée en 1909, puis restaurée en 1998, située dans le «Marquette Park» de Mackinac Island. Photographie de Keith Stokes prise le 31 juillet 2004. Image puisée dans la section «Mackinac Island» du site Straits of Mackinac & Mackinac Bridge. The Mighty Mac, à la page suivante : http://www.mightymac.org/04island.htm.

Cliché du monument surplombant la tombe de Marquette dans le Father Marquette Park de St-Ignace. Photo prise par David Kessler le 2 octobre 2005 et reproduite avec son autorisation. Image puisée sur le site de Find A Grave, à la page suivante : http://www.findagrave.com/cgi-bin/fg.cgi?page=cr&GRid=671&CRid=640903&.

 

Cliché de la statue de Marquette qui ornait l’ancien hôtel de ville de Détroit, au moment où elle est enlevée de sa niche en 1961. Document d’archives du The Detroit News. Image puisée à même l’article de Donald Lochbiler intitulé «Detroit’s magnificent old City Hall». Illustration prise dans la section «Click for more photos» sur le site du The Detroit News Rearview Mirror, à la page suivante :http://info.detnews.com/history/story/index.cfm?id=67&category=government.

 

Nous sommes conscient que cette nomenclature des principaux monuments dédiés à la mémoire de Jacques Marquette est incomplète. Par contre, elle offre un aperçu assez convaincant de toute l’étendue des commémorations dont a bénéficié le personnage. Ceci dit, soulignons que la consécration de Marquette ne s’effectue pas uniquement par l’érection de monument ou le dévoilement de plaques commémoratives. En effet, le nom du missionnaire est également fort imprégné dans la toponymie. Ainsi, Marquette désigne un comté du Wisconsin, du Kansas, du Nebraska, du Michigan ainsi qu’à un autre du Manitoba, de même qu’un comté électoral du Québec. De façon aléatoire, soulignons que son nom a également été donné à un évêché, à un canal, à une Université [196] , à une Compagnie de Chemin de fer [197] , à une valeur industrielle cotée en bourse de New-York, à une base militaire [198] , à une usine [199] , à des associations diverses, à une société d’histoire [200] , à diverses places publiques, parcs, rues, écoles primaires et secondaires, lycées, quartiers, rivières, lacs, pistes de randonnée pédestre, pistes cyclables, ainsi qu’à huit villes ou localités [201] .

 

Reproduction du sceau de la Marquette University fondée en 1881 à Milwaukee (Wisconsin). Image puisée sur le site de la Marquette University (marquette.edu), à la page suivante :

http://www.marquette.edu/opa/brand/logo/seal-structure.shtml. Illustration reproduite avec l’autorisation de la Marquette University , tous droits réservés.

Reproduction du logo utilisé par la Pere Marquette Railroad Company.  Image prise sur le site de Wikipedia, The Free Encyclopedia, à la page suivante :

http://en.wikipedia.org/wiki/Image:Pere_Marquette_Herald.png.

 

Cliché d’une parcelle du «Pere Marquette Rail-Trail», une piste cyclable parcourant le Michigan. Image prise dans la section «Pere Marquette Rail-Trail» sur le site de la Michigan State University, à l’adresse suivante : http://www.prr.msu.edu/trails/pere_marquette_rail.htm. Illustration reproduite avec l’autorisation de la Michigan State University.

Cliché d’un bâtiment de la ville de Marquette. Photographie de Velvet Green Creations puisée dans la section «Marquette Area» du site superiorsights.com / Superior Sights. The Upper Peninsula of Michigan, à la page suivante : http://www.superiorsights.com/picturegalleries/upgallery.html. Image reproduite avec l’autorisation de Gina Harman de Velvet Green Creations, tous droits réservés.

 

S’ajoutent à la liste une série d’hôtels et de bâtiment tels que le Marquette Building de St-Louis, le Marquette Hotel situé au centre-ville de Cape Girardeau (Missouri) [202] , le Marquette Plaza de Minneapolis (Minnesota), le Père Marquette Hotel de Peoria (Illinois) [203] , le Renaissance Pere Marquette Hotel de la Nouvelle-Orléans (Louisiane) [204] , le Pere Marquette Lodge and Conference Center situé à Grafton (Illinois) ainsi que le fameux Marquette Building de Chicago. Construit en 1895, cet édifice du 140 South Dearborn Street regorge d’éléments décoratifs dont l’esthétisme confère au bâtiment l’étoffe d’une véritable attraction touristique. À ce chapitre, soulignons qu’à l’entrée de l’édifice, quatre tambours ornés de bas-reliefs en bronze illustrent divers incidents de la vie de Jacques Marquette ainsi que sa mort : Marquette et son équipage se préparant à naviguer sur la rivière Wisconsin; Marquette utilisant le calumet afin d’éviter un affrontement avec un groupe d’Amérindiens; l’arrivée de Marquette, affaibli par sa maladie, à Chicago (où il a hiverné en 1674); puis les funérailles de Marquette à St-Ignace. De plus, en balayant du regard le centre du vestibule, trois fresques relatant des événements majeurs du parcours du jésuite missionnaire captent l’attention du visiteur. Ces créations artistiques qui ceinturent la rotonde, faite de mosaïques de nacre des perles et de verre d’une grande valeur assemblées par la Tiffany Glass and Decorating Company de New York, représentent le départ de Jolliet et Marquette de St-Ignace en vue du premier voyage, la rencontre de Marquette avec des Illinois ainsi que la mort de l’explorateur.

 

Cliché du Pere Marquette Lodge and Conference Center situé à Grafton (Illinois). Photographie prise par le membre «watchdoggy» et puisée sur le site de webshots.com, à la page suivante : http://community.webshots.com. Image reproduite avec l’autorisation du CNET Networks, Inc., Copyright 200_. Tous droits réservés.

 

Cliché du Marquette Plaza de Minneapolis (Minnesota). Image prise sur le site upland.com / Upland Real Estate Group, Inc, à la page suivante : http://www.upland.com/listings/marquetteplaza/buildingshots.php.

Cliché du Marquette Building de St-Louis (Missouri) avec, en avant-plan, l’ancienne annexe démolie en 1998 pour faire place à un stationnement public. Photographie de Toby Weiss datant approximativement de 1995, reproduite avec son autorisation. Image puisée sur le site Built St. Louis, à la page suivante :http://www.builtstlouis.net/vanish02a.html.

 

Vue de l’entrée principale du Marquette Building de Chicago situé au 140 S. Dearborn St. Photographie prise le 15 octobre 2005 par Atelier Teee’s Photos. Image puisée sur le site de Flickr-Photo Sharing!, à la page suivante : http://www.flickr.com/photos/atelier_tee/52813790/in/photostream/.

Cliché de l’entrée principale de l’hôtel de première classe Renaissance Pere Marquette Hotel de la Nouvelle-Orléans (Louisiane). Classé 4 étoiles, ce bâtiment historique de 8 étages situé dans le quartier français (tout près de la célèbre Bourbon street) comporte 280 chambres. Image puisée sur le site Renaissance Pere Marquette Hotel, à la page suivante :http://reservations.lodging.com. Illustration reproduite avec l’autorisation du New Orleans Hotels Deals.com, tous droits réservés.

 

Cliché de l’entrée principale de l’hôtel Père Marquette de Peoria (Illinois) ouvert en 1927. Comprenant à l’origine 17 suites et 400 chambres, le bâtiment a subi, en 1981, d’importants travaux de rénovation et de restauration afin de maintenir son statut de principal hôtel de Peoria. Peu de temps après les travaux, soulignons que ce bijou de l’architecture se voit inscrit sur le registre national des lieux historiques. Image puisée sur le site Hotel Pere Marquette (hotelperemarquette.com), à la page suivante :http://www.hotelperemarquette.com/indexnew.php.

 

Hotel Marquette : Image cadre du site personnel de Pamela McCutchen intitulé Historic Hotel Marquette – Cape Girardeau, Missouri, puisée à la page suivante : http://www.pamsuella.com/marquette/history.html. Illustration reproduite avec l’autorisation de Pamela McCutchen.

 

 

Toujours dans le hall du Marquette Building, au rez-de-chaussée ainsi qu’au deuxième étage, diverses figures de bronze attirent le regard vers le haut de chaque couloir ou porte d’ascenseur. Ces portraits commémorent, entre autres, les dirigeants de la Nouvelle-France que sont Frontenac et Talon. S’ajoutent certains Amérindiens connus du public, tels que Little Panther, Chicagou (chef illinois des Metchigamias reçu à Versailles en 1725), Nika (valet et fidèle chasseur chaouanon de La Salle), Chassagoac (chef illinois des Kaskaskias), Black Hawk (de son vrai nom Makataimeshekiakiak, chef de la tribu des Sacs reconnu pour sa participation à la guerre de 1812 aux côtés des Britanniques) et Keokuk (chef de la tribu des Sacs impliqué dans la Black Hawk War de 1832). Viennent ensuite les explorateurs de la vallée du Mississippi ainsi que ceux qui les ont aidés dans leurs périlleuses aventures : Jacques Marquette, Louis Jolliet, René-Robert Cavelier de La Salle, Henri de Tonty («celui qui réalisait ce que La Salle concevait»), La Taupine (Pierre Moreau) ainsi que Daniel Greysolon Du Luth (coureur des bois, explorateur, fondateur de postes dans l’Ouest et l’un des principaux artisans de l’entente entre la Nouvelle-France et les tribus du lac Supérieur). Finalement, à cet ensemble viennent se greffer trois portraits symboliques : un chef illinois, un français armé ainsi qu’un coureur des bois. Considéré dès sa construction comme une réussite architecturale, soulignons que le bâtiment est désormais inscrit sur la liste patrimoniale de Chicago depuis 1975.

 

Cliché de l’intérieur du Marquette Building de Chicago situé au 140 S. Dearborn St. Détail d’une des mosaïques de style Tiffany qui embellissent la rotonde ceinturant le centre du vestibule représentant la rencontre de Marquette avec des Illinois. Photographie de David Riffel prise à l’automne de 2005, reproduite avec l’autorisation de Bruce Yarnell de la firme Yarnell Associates Architectural Lighting Design, tous droits réservés.

 

Cliché d’une des figures de bronze surplombant couloirs et ascenseurs du hall du Marquette Building. Celle-ci représente Jacques Marquette, posté en haut du couloir principal du hall de l’édifice. Photographie datant du 8 juillet 2005. Image prise dans la section «Marquette Building» du site insecula.com / Guide intégral du voyageur, à la page suivante : http://www.insecula.com/us/oeuvre/photo_ME0000093967.html.

 

Sur une note artistique, nous ne pouvons passer sous silence la magnifique peinture de Marquette ornant la Gasson’s Rotunda Gallery of Art, History and Religion du Boston College. Sous la peinture, le visiteur peut y lire l’inscription latine «Marquette recludit ignotos flumnis Mississippi fontes» (Marquette révélant les eaux inconnues du Mississippi). Dans la même veine, mentionnons que l’Université de Harvard possède également un vitrail commémoratif dédié à Marquette dans son Memorial Hall Stained Glass. Il s’agit du vitrail #11 intitulé «LaSalle and Marquette», élaboré en 1895 par Charles Mills. Puis, dans un tout autre registre, relevons que durant le tricentenaire de 1973, une assiette commémorative intitulée «Pere Marquette – Sieur Louis Joliet [sic]» est mise en vente. Finalement, pour les passionnés de philatélie, évoquons que Marquette est le premier jésuite pour qui un timbre commémoratif a été diffusé. Oeuvre de la poste américaine, cette pièce de collection d’une valeur de 1¢ intitulée «Marquette on the Mississippi» date de 1898 [205] . Au siècle suivant, le jésuite explorateur devient à nouveau source d’inspiration dans le contexte du «Marquette Tercentenary Celebration» de 1973. En effet, le 6 septembre 1968, un timbre de 6¢ à l’effigie du missionnaire est diffusé au Sault Ste. Marie (Michigan). L’objectif est que la population se remémore l’endroit où Marquette a établi le premier poste permanent d’Européens dans l’État du Michigan, en 1668. Parallèlement, relevons qu’en sol canadien, un timbre commémoratif valant 34¢ est à son tour mis en circulation en 1987 afin de souligner l’exploration du Canada.

 

"Marquette recludit ignotos flumnis Mississippi fontes / Marquette révélant les eaux inconnues du Mississippi". Cliché de la peinture ornant la Gasson's Rotunda Gallery of Art, History and Religion du Boston College. Photo faisant partie de la collection du Center for Media and Instructional Technology at Boston College (CMIT), utilisée avec la permission de Stephen Vedder. Image prise sur la page personnelle de Walter J. Conlan, Gasson's Rotunda : Gallery of Art, History and Religion, incluse sur le site du Boston College, à la page suivante : http://www2.bc.edu/~conlanwa/rotunda.htm. Cliché du «LaSalle and Marquette», le vitrail #11 du «Memorial Hall Stained Glass» de l’Université Harvard. Œuvre de Charles Mills datant de 1895, financée par la classe de 1875. À noter que Marquette est représenté dans la partie de droite. Illustration provenant de l’ouvrage de Mason Hammond, The Stained Glass Windows in Memorial Hall, Harvard University . Cambridge , Mason Hammond, 1978. Photographie de Stephen Sylvester et Yosi A.R-Pozeilov faisant partie de la collection «Digital Imaging and Photography Group Harvard College Libraries», reproduite avec leur autorisation. Image puisée dans la section «Office for the Arts at Harvard» du site de la Harvard University (harvard.edu), à la page suivante :http://www.fas.harvard.edu/~memhall/staingls.html.

 

Cliché de l’assiette «Pere Marquette – Sieur Louis Joliet [sic]» mise en vente lors du tricentenaire de 1973. Image prise sur le site Days Gone By Antique Mall (days-gone-by.com), à la page suivante : http://www.days-gone-by.com/acatalog/lg3233pere.JPG. Illustration reproduite avec l’autorisation de Chris Baltazar de Days Gone By Antique Mall. «Marquette on the Mississippi». Illustration du timbre-poste d’une valeur de 1¢ émis en 1898 par la poste américaine. À noter que l’image apparaissant sur le timbre est en fait une reproduction stylisée de la peinture de Wilhelm Lamprecht, elle-même inspirée de la peinture murale de l’église St. Mary de Montréal. Photographie puisée sur le site U.S. Commemorative Postage Stamps of 1898, à la page suivante :http://www.1847usa.com/identify/19th/1898Commems.htm. L’image est une courtoisie de 1847USA, reproduite avec l’autorisation de Bob Allen.

 

«Marquette Explorer». Illustration du timbre-poste d’une valeur de 6¢ émis en 1968 par la poste américaine dans le contexte du «Marquette Tercentenary Celebration» de 1973. Le timbre a été lancé le 6 septembre 1968 à Sault Ste. Marie (Michigan), endroit symbolique représentant le lieu où Marquette a établi le premier poste permanent d’Européens dans l’État du Michigan, en 1668. Image puisée sur le site Manresa Jesuit Retreat House in Bloomfield Hills, Michigan, à la page suivante : http://www.manresa-sj.org/stamps/1_Marquette.htm. Image reproduite avec l’autorisation de Peter Fennessy, SJ. «Jolliet et le Père Marquette / Father Marquette with Jolliet». Illustration du timbre-poste commémoratif d’une valeur de 34¢ émis en 1987 par la poste canadienne afin de souligner l’exploration du Canada. Image puisée sur le site Manresa Jesuit Retreat House in Bloomfield Hills, Michigan, à la page suivante : http://www.manresa-sj.org/stamps/1_Marquette.htm. Image reproduite avec l’autorisation de Peter Fennessy, SJ.

 

Une consécration timide en sol français

 

Bien que la découverte des restes de Marquette de 1877 déclenche une série d’événements commémoratifs à travers l’ensemble de l’Amérique du Nord, la France maintient sa position et boude toujours l’explorateur du 17e siècle. De façon colorée, Hamy expose cette réalité en ces termes :

 

«Pendant longtemps, en France, la part considérable prise par le jésuite à cette découverte resta inconnue, laissant la place à des revendications d’intéressés et d’ambitieux, jaloux d’une gloire si chèrement achetée. La vérité s’est faite depuis lors, grâce à l’esprit éclairé et au sentiment de justice des Américains. Marquette, l’homme modeste, placé au second rang par Frontenac, fut, de son temps, considéré par les sauvages comme le véritable héros de l’expédition, si Jolliet en fut le directeur officiel. Et depuis lors, de l’autre côté de l’Atlantique, tous, protestants comme catholiques, ont ratifié ce verdict. En France seulement, la haine sectaire a tenté d’ensevelir, sous le silence, le rôle prépondérant, (en raison de sa supériorité morale), joué par le P. Marquette dans tout ce voyage. Mais la fidélité des Américains à lui reconnaître et à lui accorder les honneurs dus à tant de mérite finiront par triompher d’une ignorance et d’un silence qui seraient inexplicables, si l’on ne connaissait l’empire du préjugé, même sur de bons esprits [206]

 

Aussi empreint de rancune que puisse être cet extrait de Hamy, il n’en demeure pas moins qu’il sous-entend plusieurs aspects sur lesquels il est souhaitable de se pencher pour bien comprendre l’attitude de la France face à ce héros montant qu’est Marquette.

 

«Discovery of the Mississippi by Marquette, A.D., 1673 / Découverte du Mississippi par Marquette, A.D., 1673». Feuille du calendrier de 1904 de la Singer Manufacturing Company, comprenant les mois de juillet, août et septembre. Illustration de John Norval Marchand. Archives nationales du Canada, reproduction C-008486. Image puisée sur le site du Musée virtuel de la Nouvelle-France incorporé à la Société du Musée canadien des civilisations, à la page suivante : http://www.civilisations.ca/vmnf/explor/jolli_f6.html. Illustration reproduite avec l’autorisation de la Société du Musée canadien des civilisations (SMCC).

 

À la base, soulevons que les Américains hissent Marquette au rang des héros pour leur avoir fait connaître leur plus grande voie de communication navigable. Ainsi, l’aspect religieux de l’expédition passe ni plus ni moins au second rang. Or, en sol français, la population ignore généralement le rôle joué par le Laonnois dans l’exploration du Mississippi, de même que l’immense portée de cette expédition. Ceci s’explique par le fait qu’en France, «républicaine et anticléricale, pays de la liberté, le découvreur du Mississippi ne pouvait être un ecclésiastique et encore moins un jésuite. Cette histoire ne répondait plus au mythe d’une Amérique blanche et laïque [207] !» À ce chapitre, il est pertinent de souligner que les virulentes tensions qui se sont développées entre le pouvoir royal et les Jésuites, à la fin du 17e siècle, ne sont pas étrangères au fait que le voyage d’exploration du missionnaire soit demeuré dans l’ombre : «De fait, en France, n’avait-t-on pas ordonné la cessation de la publication des Relations des Jésuites, supprimant ainsi toute la possibilité de diffusion des comptes rendus, dans les paroisses françaises, des missions de la Compagnie de Jésus [208]

 

De surcroît, retenons que durant les années 1870, la confusion règne en sol français quant à la paternité de la découverte et de l’exploration du Mississippi. En effet, deux historiens réputés à l’époque accordent à René-Robert Cavelier de La Salle ce rôle de précurseur. Il s’agit de Gabriel Gravier et de Pierre Margry (alors directeur des Archives du ministère de la Marine et des Colonies à Paris). Faits à noter, tous deux ne sont pas venus en Amérique pour effectuer des recherches et valider leur hypothèse, tous deux n’ont pas tenu compte des écrits du père Charlevoix et tous deux ont moussé les récits souvent exagérés du père Louis Hennepin qui racontait à merveille les exploits de Cavelier de La Salle, et ce, malgré la publication du livre de John Dawson Gilmary Shea [209] . Publié en 1852, ce dernier renferme toutes les preuves suffisantes pour attribuer à Jolliet et Marquette la paternité de l’exploration du Mississippi. Malgré la polémique grandissante, Margry continue à soutenir que Cavelier de La Salle est le premier à avoir atteint et parcouru le cours du Mississippi. Quant à Gravier, il ajoute de l’huile sur le feu en stipulant que Jolliet et Marquette n’étaient que des accompagnateurs de Cavelier de La Salle.

 

Pour remettre les pendules à l’heure, le père Joseph Brucker publie, en 1880, un document qui offre une analyse précise de l’ensemble des ouvrages disponibles relatifs à l’expédition de Jolliet et Marquette [210] . Son but est de démontrer que ces deux comparses sont les premiers européens à avoir parcouru le fleuve. Sans discréditer le rôle historique de Cavelier de La Salle, et avec une remarquable courtoisie, l’auteur réfute une à une les allégations de Margry et de Gravier. Ainsi, c’est avec rigueur et brio qu’il décortique l’invraisemblance de leurs hypothèses. En somme, soulignons que l’exercice s’est avéré concluant. En revanche, l’idée que Cavelier de La Salle est bel et bien le découvreur du Mississippi s’est perpétuée dans l’esprit d’un certain public français peu averti quant à la critique des sources. D’ailleurs, nombre d’encyclopédistes ont entériné cette erreur dans leurs publications au fil des ans. La vivacité de cette erreur ne fait nul doute lorsque nous constatons que l’édition de 1979 du Dictionnaire encyclopédique Larousse mentionne au nom de La Salle (Robert Cavelier de) : «voyageur français (Rouen 1643 – en Louisiane 1687). De Montréal, il part en 1673, avec Louis Jolliet et le père Marquette, pour reconnaître le cours du Mississippi, qu’il descend jusqu’au golfe du Mexique (1682). Il est tué au cours d’une seconde expédition.» Pour dissiper toute confusion, relevons que Louis Jolliet et le père Jacques Marquette sont les premiers Européens, en 1673, à avoir exploré le Mississippi jusqu’à la jonction de l’Arkansas. Quant à Cavelier de La Salle, soulignons qu’il a entrepris une série d’expéditions le long du Mississippi dès l’automne 1679. En 1682, il devient le premier Français à avoir atteint l’embouchure de ce fleuve et proclame alors que la Louisiane appartient à la France. Finalement, Cavelier de La Salle meurt assassiné au Texas par des membres de son expédition le 19 mars 1687.

 

À n’en pas douter, toute cette confusion entourant ces trois explorateurs et leurs rôles respectifs en ce qui a trait aux expéditions sur le Mississippi ont contribué à évacuer la consécration de Marquette en sol français. De plus, il faut bien avouer que les héros religieux n’ont pas la cote en France au moment où le jésuite bénéficie de nombreuses commémorations en Amérique du Nord. En résumé, comme l’affirme Lucot, une succession d’éléments jouent en défaveur de Marquette en son propre pays : «Les méandres de la politique, les rivalités, l'évolution de l'Histoire, ont fait que la France s'est toujours montrée particulièrement indifférente à l'exploit de ce Jésuite et de ses compagnons [211]

 

Par contre, nous devons également garder en mémoire que les pionniers de la Nouvelle-France hissés au rang de héros nationaux tant aux États-Unis qu’au Canada ne jouissent généralement pas du même traitement de faveur en France, et ce, même si plusieurs d’entre eux sont natifs de ce pays. En ce sens, toutes proportions gardées en comparaison avec les autres membres d’origine française du panthéon héroïque américain et canadien, Marquette ne fait pas vraiment piètre figure et ne subit pas un traitement particulier de la part des Français. Ceci s’explique par le fait que la France possède un panthéon héroïque déjà fort rempli et que les pionniers de la Nouvelle-France commémorés en Amérique du Nord ont contribué à forger de nouveaux pays en sol américain, mais n’ont pas, pour la plupart, réellement contribué à la gloire et au rayonnement de la France. Dans cette optique, la France ne voit aucun intérêt à suivre le mouvement de commémoration à l’égard de Marquette suite à la découverte de son tombeau puisqu’elle ne jouit d’aucune façon des apports commerciaux liés au Mississippi.

 

Malgré tout, dans les années 1930, la France emboîte finalement le pas et rend hommage au Jésuite originaire de Laon. Fortement méconnu à travers la France, Marquette voit timidement sa popularité s’accroître à l’échelle locale avec les fêtes de Nancy en 1931. Pour l’événement, un pavillon de la maison des étudiants est inauguré à son nom, puis une statue est érigé en l’honneur de celui qui fut à la fois élève et maître à Nancy. Hissé au rang de gloire lorraine, ce premier hommage officiel en sol français souligne à grands traits que Marquette a porté «dans les solitudes de l’Amérique le flambeau d’une science allumée à son resplendissant fanal [212] ».

 

Puis, dans la mouvance des célébrations du tricentenaire de la naissance de Marquette, l’élan commémoratif entourant le personnage se répercute également en France. Or, aussi étonnant que cela puisse paraître, les festivités françaises en lien avec le tricentenaire de 1937 débutent en sol américain. En effet, au début de mars, le Comité franco-américain organise avec succès une mission visant à célébrer l’œuvre de la France en Amérique. Pour l’occasion, il est convenu de commémorer deux événements : le 250e anniversaire de la mort de René-Robert Cavelier de La Salle ainsi que le tricentenaire de la naissance de Jacques Marquette. Ainsi donc, à nouveau, le parcours du jésuite missionnaire est étroitement lié à celui de La Salle dans l’esprit des Français. Parmi les membres de la délégation française se trouvent divers représentants des grandes institutions : André Chevrillon de l’Académie française, Louis Marlio de l’Académie des Sciences morales, le Général Perrière de l’Académie des Sciences, Fortuna Strowski de l’Université de Paris, la romancière Marcelle Tinayre, le prince Achille Murat, de même que Monsieur Gabriel-Louis Jaray, qui occupe les fonctions de guide de la mission. De plus, notons qu’à cette délégation française vient se greffer un groupe de Canadiens.

 

Sommairement, le but principal de ce voyage est de visiter les diverses régions ceinturant le Mississippi associées avec les noms de Marquette et de La Salle. De ce fait, leur périple débute avec un arrêt à la Nouvelle-Orléans. Puis, viennent ensuite Bâton-Rouge, Lafayette, Mobile, Houston, de même que Saint-Louis et Chicago. En sol canadien, après un ricochet à Ottawa, le chemin conduit le groupe à Montréal, Trois-Rivières et finalement Québec. Bien que cette mission se déroule en Amérique, la revue L’Illustration fait paraître un numéro spécial commémorant le tricentenaire de Marquette [213] . Dans cette édition se retrouve une série d’articles portant sur Marquette, des réimpressions d’anciennes cartes nord-américaines datant du 17e siècle, ainsi que diverses images, dont la fameuse médaille commémorant le tricentenaire de Marquette. Sur celle-ci est dessinée le profil du jésuite, entouré de l’inscription «Jacques Marquette, 1637-1937.» Sur son revers est inscrit :

 

«1637-1937

Tri-Centenaire- de Jacques Marquette

Missionnaire et explorateur

Français- né à Laon

Explorateur de l’Amérique- du Nord

Le Wisconsin- le Mississipi- le Missouri- l’Ohio

l’Illinois- le Saint-Laurent»

 

Cliché de la stèle de bronze occupant le centre du monument de Jacques Marquette érigé à Laon. Ce monument occupait jusqu’à tout récemment un emplacement dans le Square du Père Marquette près de la porte de Soissons. Image puisée sur le site personnel de Jean-Marie Evrard intitulé Laon, ville médiévale (www.laon-ville.net), à la page suivante :http://www.laon-ville.net/portesoissons.html. Illustration reproduite avec l’autorisation de monsieur Evrard.

Cliché de la porte de Soissons, située à Laon, évoquant l'architecture militaire du XIIe siècle. C’est près de celle-ci qu’a été inauguré le monument de Marquette dans le Square Marquette de la ville de Laon en 1937. Photographie du Comité départemental du tourisme de l’Aisne/Dessir, tous droits réservés, reproduite avec leur autorisation. Image puisée et hébergée sur le site linternaute.com, à la page suivante :http://www.linternaute.com/sortir/escap/nord/laon/diaporama/4.shtml.

 

Puis, dans ce contexte des festivités entourant le tricentenaire de 1937, la ville de Laon célèbre finalement «comme il convient son illustre enfant, dont la courte vie, si elle fut utile à la gloire de Dieu, ne le fut pas moins à la cause de l’humanité et de la civilisation [214] .» En ce dimanche 13 juin 1937, l’Hôtel de ville décoré des drapeaux français et américain devient le point de départ pour la parade qui conduit une impressionnante foule vers le lieu du dévoilement du monument. Celui-ci est alors élevé dans le Square Marquette, situé près de la Porte de Soissons. Reposant sur le haut de cinq marches de granite, le monument expose deux piliers identiques, entre lesquels est inséré une plaque de bronze grandeur nature représentant le jeune Jésuite. Soulignons que celle-ci a été entièrement coulée à partir de vieux sous offerts par les habitants du Laonnois de même qu’à partir de pièces de 1¢ envoyés par les enfants des écoles de la Ville de Marquette (Michigan). Sous ce profil de bronze de Marquette se trouve, plus en retrait, la représentation d’un Louis Jolliet agenouillé dans un canot, accompagné d’un Amérindien assis dans la même embarcation. Finalement, sur le soubassement de ce monument érigé à la mémoire de Jacques Marquette, nous pouvons y lire :

 

À

JACQUES MARQUETTE

Grand Missionnaire

Pionnier de la Civilisation

Né à Laon le 1er juin 1637

Mort au Canada, 16 mai 1675 [215]

Ses compatriotes – Ses admirateurs

             Que le Soleil est beau, Français,

                Quand tu nous viens visiter.

                               HIAWATHA»

 

La R. P. Abelé, alors supérieur de la maison de Reims, prononce en ce jour le panégyrique du Père Marquette. D’entrée de jeu, son discours ne camoufle aucunement son désir de réhabiliter Marquette au rang des personnages illustres de Laon :

 

«Dirons-nous qu’un scandale va cesser, la longue ‘‘indifférence’’ de cette ville pour un de ses plus illustres enfants? Avouons au moins qu’un ‘‘œuvre d’équité’’ s’imposait à l’égard du Père Marquette, et qu’à négliger le 3e centenaire de sa naissance, nous eussions mérité de l’Amérique le reproche d’ingratitude. Là-bas célèbre, inconnu, ici même, dans sa patrie, Marquette, en bon religieux, pouvait trouver excessifs les honneurs dont Washington ou Chicago entouraient sa mémoire, en bon français [sic] ne devait-il pas souffrir de voir ses compatriotes ignorer, oublier la gloire dont sa découverte avait enrichi le patrimoine spirituel et national de la France dans le Nouveau Monde?... L’Amérique a cessé de s’étonner depuis qu’un comité national a organisé la ‘‘Mission française’’ à la Nouvelle-Orléans en Louisiane et au Texas pour commémorer l’œuvre de Marquette et de Cavelier de La Salle. On a compris là-bas que la France s’honorait d’avoir ouvert à la civilisation et à l’Évangile les vastes régions qu’arrose le Mississippi. [216] »

 

«L’inauguration du monument au Père Marquette, à Laon.» Cliché du monument de Jacques Marquette érigé à Laon le 13 juin 1937. Image prise dans L’Illustration, no 4920, 19 juin 1937, p. 258. Le premier paragraphe du texte accompagnant cette photographie nous révèle alors : «Le Père Marquette, découvreur du Mississippi, dont, ces derniers mois, le tricentenaire fut brillamment fêté aux États-Unis et qui est l’objet en Amérique du Nord d’une très grande dévotion, est pour la première fois en France honoré selon son mérite.» 

 

 

L’érection du monument commémorant le Père Marquette et visant à souligner sa «découverte» du grand fleuve américain est alors orchestrée par un comité regroupant des autorités civiles et religieuses ayant en commun la passion de l’Histoire. Soulignons qu’au sein de ce comité se trouvent six arrières petits-neveux du Père Marquette. Puis, au chapitre des membres honoraires, relevons la présence de nombreux dignitaires du gouvernement français, de membres de l’Académie française, de l’ambassadeur des États-Unis, d’un ministre canadien, du Prince de Monaco, de plusieurs membres de la Société de Jésus ainsi que de nombreux historiens français, américains et canadiens.

 

Outre le discours du père Abelé, la cérémonie d’inauguration est ponctuée de nombreux discours prononcés par divers dignitaires dont M. H. H. Kidder, le délégué de la ville de  Marquette (Michigan), ainsi que M. Murphy, premier secrétaire de l’Ambassade des États-Unis et ancien étudiant de la Marquette University. Bien sûr, tous ces discours mettent l’accent sur le zèle, le courage ainsi que la dévotion absolue du missionnaire, de même que sur le rayonnement du jésuite auprès des Amérindiens. Sans nous attarder sur l’intégralité de ces éloquents discours, relevons un extrait de Kidder :

 

«His self-reliance and calm serenity are reflected in the features and the entire mien of this fine statue, which is, I believe, a true likeness and clear interpretation of his expression. This calmness is in striking contrast to the severe labours, hard sufferings and inevitable end of his mission. His courage and gaiety under trials, his intelligence, his noble simplicity and his sacrifice inspired by a burning faith, in a word his consecration to a high ideal, create in us and leave in us an imperishable memory [217]

 

Pour sa part, Monsieur Murphy reprend magistralement, dans son discours, les propos lourds de sens d’André Bellessort exprimant une reconnaissance incommensurable envers un Marquette porteur de civilisation :

 

«Ce n’est qu’un pauvre Jésuite, qui découvre dans son frêle esquif l’emplacement des grosses cités de l’avenir. Il s’est mis, en partant, sous la protection de la Vierge Immaculée. Il n’a point d’armes. Ce que vous prendriez pour une épée est une petite croix. Le moindre émigrant rougirait d’un baluchon comme le sien. Pourtant, nul conquérant n’a jamais traîné derrière lui un bagage aussi considérable que ce qu’il apporte dans les plis de sa soutane blanchie aux coutures et dans ses mains vides : toute la civilisation [218]

 

Par ailleurs, il importe de mentionner que les villes de Marquette, Ludington et Chicago prennent également part à cette célébration du tricentenaire de la naissance de Marquette qui se déroule à Laon. À ce chapitre, soulignons qu’une résidente de Marquette, Madame Paul, offre une pépite de cuivre provenant des gisements découverts par le jésuite dans la région du Lac Supérieur. À leur tour, des habitants de Ludington donnent un coffre rempli de sable béni ramassé à l’endroit présumé du décès du missionnaire. Quant à la ville de Chicago, elle offre des blocs de granit provenant de carrières situées dans la municipalité de Marquette. Dans le même registre, soulignons que d’autres instances viennent jouer un rôle dans l’inauguration du monument de Laon dédié à Jacques Marquette. C’est le cas, entre autres, de la Marquette University, ainsi que des États du Wisconsin et du Michigan. Par exemple, à titre indicatif, soulignons que des représentants de la Marquette University apporte de l’eau du Mississippi puisée à la hauteur de Prairie du Chien, au Wisconsin, soit à l’endroit où Marquette a entrevu le Mississippi pour la première fois. Don de professeurs et élèves de l’institution universitaire, soulignons que cette eau est utilisée pour arroser le monument lors de l’inauguration. Aussi, relevons que plusieurs de ces objets ayant une forte connotation symbolique, soient la pépite de cuivre, le coffret rempli de sable, le baril contenant l’eau du Mississippi, de même que les papiers attestant de leurs origines, sont alors déposés et scellés dans la pierre du monument.

 

«L’inauguration, à Laon, du monument élevé à la mémoire du Père Marquette qui découvrit le Mississippi.» Cliché du monument de Jacques Marquette érigé à Laon le 13 juin 1937. Image prise dans L’Illustration, no 4920, 19 juin 1937, page de couverture. Sous la photo apparaît la mention suivante : «Le président de la Société académique de Laon [M. Charles Westercamp] verse sur le monument de l’eau du Mississippi envoyée par la Marquette University de Milwaukee. Sur le pilastre de gauche on a placé un coffret contenant du sable recueilli là où mourut le Père Marquette; sur le pilastre de droite, une pépite de cuivre provenant du gisement que le Père avait découvert sur les bords du lac Supérieur.»

 

Durant toute la durée de l’événement, les discours se succèdent à la célèbre cathédrale de Laon, à la mairie, au monument, de même que durant le banquet. Ce dernier est entrecoupé d’une série de toasts et se termine par un concert. Ceci dit, à la lumière des informations dont nous disposons, l’inauguration du monument de Laon dédié à la mémoire de Marquette est l’un des seuls événements commémoratifs en importance, en lien avec le missionnaire, à s’être déroulé en sol français. Et, comble de l’ironie, la malchance veut que la mémoire de Marquette ait été malmenée lors de l’occupation de la ville de Laon par les troupes allemandes durant la Seconde Guerre mondiale. En effet, celles-ci ont alors saisi une effigie de bronze en hommage à Marquette, en forme de grand médaillon, afin de réutiliser son métal. Mince consolation, la stèle érigée en 1937 demeure intacte. Toujours bien conservée, celle-ci a d’ailleurs récemment été restaurée et transférée à proximité du centre-ville, rue Franklin Roosevelt, où un panneau explicatif l’accompagne.

 

Cliché de la stèle de bronze occupant le centre du monument de Jacques Marquette restauré et érigé dans un nouvel emplacement dédié au Père Marquette à Laon. Cet élément commémoratif agrémente désormais un espace situé sur la rue Franklin Roosevelt. Photographie de Jean-Marie Evrard prise le 1er février 2006, reproduite avec son autorisation.

 

Or, c’est dans ce même esprit de renouveau que Laon devient, le 17 septembre 2000, «lieu de mémoire franco-québécois». À cette occasion, une plaque commémorative en marbre est fixée à l’entrée de la rue du Père Marquette et de Louis Jolliet. Puis, l’année suivante, l’Association Marquette-Jolliet voit le jour. Son mandat est spécifique : «Cette association est née de la volonté de faire sortir de l'oubli l'épopée extraordinaire au cours de laquelle les Français se sont établis en Amérique du Nord. Jacques Marquette et Louis Jolliet ont été des acteurs importants de cette histoire, leur voyage de 1673 apportant la preuve de la relation hydrographique du fabuleux bassin du Saint-Laurent traversant la Nouvelle-France avec le non moins fabuleux bassin du Mississippi [219] Pour atteindre cet objectif, l’association souhaite fonder la Maison de l'Amérique Française, un centre historique, culturel et économique qui serait installé dans la Maison Marquette : «L'Association Marquette-Jolliet, créée en 2001 pour faire revivre le souvenir du Père Marquette, propose la création à Laon d'un lieu de mémoire, Centre culturel et touristique, dédié au missionnaire explorateur, et la mise en place de liaisons privilégiées avec l'Amérique du Nord. Cette proposition ne peut aboutir que si la méconnaissance de cette extraordinaire épopée, qui avait permis la présence française sur pratiquement la totalité de l'Amérique du Nord, fait place à une reconnaissance (tardive !) de la participation française à l'édification du monde américain [220]

 

À noter que le bâtiment (la Maison Marquette), situé à quelques pas du site exceptionnel de la cathédrale de Laon, est un bijou architectural que l’organisation souhaite réhabiliter. À titre indicatif, mentionnons que pour justifier la réalisation d’un tel projet, l’association stipule que «rappeler la mémoire du Père Marquette, c'est perpétuer aussi le souvenir des Français qui ont participé à la naissance de l'Amérique du Nord, faire revivre les noms prestigieux des Picards partis en Nouvelle-France et saluer le courage, la ténacité des pionniers, hommes et femmes, qui bâtissaient un monde nouveau. S'appuyant sur les grands événements de notre histoire commune, la Maison de l'Amérique Française soulignerait les liens étroits qui, au cours des siècles, ont uni le peuple de France et les peuples d'Amérique du Nord [221]

 

Néanmoins, malgré ce vent de changement qui bouscule Laon, il n’en demeure pas moins que Marquette est un personnage somme toute méconnu dans sa patrie de naissance. Nous ne reviendrons pas sur les motifs qui expliquent le peu d’intérêt des Français à l’égard du jésuite. Retenons simplement que Marquette ne figure nullement au rang de héros national dans son pays d’origine. À la limite, nous pouvons parler d’une certaine renommée locale. Parallèlement, au Canada, sa notoriété n’est pas remise en cause, mais fortement nuancée. En effet, Jolliet et Marquette sont généralement indissociables en ce qui a trait à la consécration qui leur est réservée; ce sont des compagnons héroïques. À ce chapitre, relevons au passage que cette façon de rapporter l’histoire fait également son bout de chemin auprès de l’Association Marquette-Jolliet de Laon. D’ailleurs, cette influence tient certainement du fait que l’organisme se propose d’être un lieu de mémoire franco-québécois. Ceci dit, il arrive régulièrement que des auteurs canadiens offrent des publications à saveur historique qui mettent l’accent sur Jolliet, éclipsant totalement le missionnaire du paysage. Or, fait à noter, l’inverse n’est pratiquement pas valide. Par conséquent, nous sommes à même d’affirmer que Marquette n’occupe pas un rang des plus élevés dans la liste des pionniers de la Nouvelle-France en sol canadien. En contrepartie, il est plus qu’évident que Marquette est fortement inscrit au sein du panthéon héroïque des États-Unis, et principalement dans la région du MidWest américain : «Missionnaire parmi les missionnaires, pionnier parmi les pionniers, Jacques Marquette va rester, en Amérique, la figure emblématique de la civilisation française [222]

 

Quoi que l’on en dise, une fascination liée à l’exploit de Marquette, à son récit et à ses qualités de missionnaire capte toujours l’imaginaire collectif. Ainsi, nul ne peut remettre en question la place de Marquette parmi les personnages historiques du panthéon héroïque de la Nouvelle-France. Il est tout aussi juste d’affirmer que sa notoriété n’est pas à refaire. Ceci dit, retenons que sa consécration s’articule autour d’un univers commémoratif s’appuyant sur des valeurs héroïques puisées à même la Narration et le Récit. Plus souvent qu’autrement amplifiés ou embellis par des discours enflammés ou une plume partisane, ces éléments contribuent à forger l’image de Marquette qui sera véhiculée au fil des ans. Or, la consécration du jésuite n’est pas un gage infaillible contre les controverses. En effet, dès le deuxième quart du 20e siècle, quelques historiens révisionnistes viennent refroidir les ardeurs commémoratives en remettant en doute l’importance historique accordée à Marquette en ce qui a trait à l’exploration du Mississippi. Nous assistons alors à l’émergence de débats bien ficelés qui ont le mérite d’approfondir certains éléments du personnage. Les écrits de l’illustre missionnaire subissent une relecture beaucoup plus critique et pointue, favorisant du même coup les remises en question et de nouvelles interprétations. Parfois adulé, parfois malmené, le jésuite explorateur ajoute une corde à son arc puisque sa vie, sa personnalité ainsi que ses accomplissements ont le mérite de provoquer maintes discussions, et ce, plus de deux cents cinquante ans après son passage remarqué en sol américain.

 

[171] Ceci est particulièrement le cas pour les trois États que sont l’Illinois, le Michigan et le Wisconsin.

[172] Louis-Édouard Bois, La découverte du Mississipi ; avec notices sur les explorateurs De Soto, Jolliet, Marquette et De La Salle ; suivies du récit des voyages et découvertes du R. P. Jacques Marquette, de la Compagnie de Jésus, extrait du Journal de Québec, juin 1873, op. cit., 73 pages.

[173] Ibid, p. 31.

[174] Ibid, p. 33.

[175] Ibid, p. 48.

[176] Ibid.

[177] 200e anniversaire de la découverte du Mississipi par Jolliet et le P. Marquette : soirée littéraire et musicale à l’Université Laval le 17 juin 1873, op. cit., p. 3-4.

[178] La biographie de Sir Adolphe-Basile Routhier est des plus impressionnantes. En effet, durant sa vie, cet homme occupe successivement, et parfois simultanément, les fonctions d’avocat, d’auteur, de juge et de professeur. Ceci dit, excellant dans l’art oratoire, il s’est davantage fait connaître en tant que poète plutôt qu’en tant que juge. D’ailleurs, en 1867, lors d’un concours oratoire organisé à l’Université Laval, il remporte la médaille de bronze pour sa composition sur la Découverte du Canada. Au chapitre de ses œuvres littéraires les plus connues, mentionnons Portraits et Pastels littéraires (1873), Centurion; roman des temps messianiques (1909) ainsi que Paulina; roman des temps apostoliques (1918). Il passe également à l’histoire pour avoir composé, en 1880, les paroles du Ô Canada, un hymne mis en musique par Calixa Lavallée et joué pour la première fois le 24 juin 1880 à Québec. À noter que cette composition est proclamée hymne national du Canada le 1er juillet 1980, soit un siècle après sa création. Au cours de sa carrière, ce conservateur convaincu s’attire les faveurs du clergé catholique, mais doit essuyer de virulentes critiques de la part de Louis Fréchette. Avec un parcours tout aussi éclatant, ce dernier a occupé les fonctions de journaliste, d’écrivain, d’avocat, d’homme politique et de fonctionnaire. Il passe également pour l’un des acteurs importants de l’histoire des lettres et des idées au Québec. Soulignons, entre autres, qu’il a su mettre à profit ses talents de communicateur à titre de reporter pour le Journal de Québec. De plus, il a participé à l’élaboration de divers périodiques du Québec, de France et des États-Unis. À ce chapitre, relevons que son séjour à Chicago (de 1866 à 1870) lui permet certainement de se familiariser avec la renommée de Marquette dans cette partie de l’Amérique. Il est admis que cet auteur fréquentant les milieux canadiens-français et français s’oppose grandement à l’autorité. Se présentant comme un libéraliste radical, il n’hésite pas à intensifier ses œuvres militantes sous le couvert de chroniques anticléricales suscitant de vives polémiques. Il prend d’ailleurs pour cible l’avocat ultramontain qu’est Adolphe-Basile Routhier dans ses Lettres à Basile […] (1872). Au chapitre de ses publications, relevons les Poésies choisies (1879),  les Oiseaux de neige : sonnets (1879), la Légende d’un peuple (1887), le mélodrame pseudo-romantique Veronica (1900), son recueil de conte intitulé Noël au Canada (1900) ainsi que ses Mémoires intimes (1900-1901). Maillon important de la constitution de la littérature canadienne-française, soulignons que Fréchette œuvre au progrès de la langue et de la pensée française, et se plaît à offrir de nombreuses conférences sur le Canada durant ses séjours en sol français. Finalement, il est juste de croire que la présence de ces deux poètes bien connus et appréciés du public illustre à merveille tout l’éclat conféré à cette soirée.

[179] 200e anniversaire de la découverte du Mississipi par Jolliet et le P. Marquette : soirée littéraire et musicale à l’Université Laval le 17 juin 1873, op. cit., p. 4.

[180] Société académique de Laon [sous la dir. de Charles Westercamp], «L’Inauguration du Monument», dans Jacques Marquette, l’Inauguration de son Monument à Laon, le 13 juin 1937, op. cit., p. 32-33. L’information se retrouve également dans Arthur J. O’Dea, «The Observance of the Marquette Tercentenary», Mid-America, An Historical Review, vol. 20, no 1, janvier 1938, p. 19.

[181] Extraits puisés dans Alfred Hamy, Au Mississippi, la première exploration (1673).  Le Père Jacques Marquette de Laon, op. cit., p. 195.

[182] Le fait que les fouilles se déroulent à cet endroit précis, et au moment du bicentenaire de la translation des os de Marquette, ne relève certes pas du Tout-Puissant, comme certains se sont plus à le croire. Nous sommes d’avis que les découvertes effectuées en ce lieu ne sont pas accidentelles puisque les responsables du projet, des jésuites bien informés, savaient à quoi s’attendre en organisant ces travaux à Michillimakinac. D’ailleurs, à titre informatif, rappelons simplement toute l’importance qu’a joué Michillimakinac durant le 17e siècle en tant que lieu de rassemblement et de ravitaillement à la fois des Français et des Amérindiens. Ceci dit, il est évident que l’histoire de ce point stratégique est connue et fort documentée. En ce sens, il est clair que les chercheurs désiraient retrouver les vestiges de la Mission Saint-Ignace et espéraient certainement, par la même occasion, rehausser la valeur de leurs découvertes en retraçant les restes de Marquette. Bref, sans savoir s’ils allaient trouver ce qu’ils désiraient, il n’en demeure pas moins qu’ils partaient avec le vif désir de retrouver ces précieux ossements. Et, comme prévu et souhaité, les trouvailles découlant de ces fouilles sont devenues les courroies de transmission ayant alimenté le processus de commémoration à la gloire de Marquette.

[183] Comme indices permettant aux chercheurs d’identifier la dépouille de Marquette, soulignons l’emplacement exact de la chapelle, le fait que les ossements appartiennent à l’espèce humaine, mais aussi et surtout, que Marquette est le seul missionnaire dont l’inhumation a été faite dans cette chapelle.

[184] Société académique de Laon [sous la dir. de Charles Westercamp], «Le Père Marquette (1637-1675), dans Jacques Marquette, l’Inauguration de son Monument à Laon, le 13 juin 1937, op. cit., p. 15.

[185] À noter que l’emplacement actuel de la statue n’est plus le même et qu’elle se retrouve désormais dans le corridor menant à la Chambre, au deuxième étage.

[186] Cette absence de représentation visuelle du jésuite explorateur est valable au moment où Trentanove entame la construction de la statue, soit en 1893. Or, il s’écoule peu de temps avant qu’une illustration de Marquette soit largement répandue dans l’ensemble de l’Amérique du Nord après qu’un collectionneur torontois ait déniché et acheté à Montréal, en 1897, un portrait à l’huile de R. Roos réalisé en 1669. Sur la planche d’origine, techniquement non reproductible car fortement écaillée, le nom de Marquette y est gravé à creux à plusieurs endroits. Au fil des ans, divers artistes s’inspirent des reproductions en héliogravure concoctées en 1900 à partir d’une photographie de l’œuvre originale. C’est le cas du dessinateur Frédéric Massé et du peintre John A. Nielson.

[187] Malgré tout, il nous apparaît évident que le marbre érigé à la mémoire de Marquette a bénéficié d’un embellissement volontaire de la part de son auteur. Une simple comparaison entre la statue du Capitole et le portrait de Roos de 1669 est un exercice assez concluant pour valider cette affirmation. En effet, Trentanove nous a offert un Marquette robuste, puissant et vigoureux. Or, ces traits de caractère vont à l’encontre de l’homme délicat, sensible et constamment affaibli par sa santé fragile que nous dépeint le Récit des voyages. Dans le même ordre d’idée, relevons que le regard du jésuite est davantage crédible sur le portrait réalisé par Roos puisqu’il s’inscrit dans la lignée du Récit et de la Narration, à savoir celui d’un homme discret et rempli de compassion, contrairement à celui d’un homme téméraire et brave selon la sculpture de Trentanove. Par ailleurs, soulevons que la chevelure abondante qui enjolive la statue commémorant le jésuite est fortement discutable puisque Roos nous présente un homme souffrant de calvitie. Sous cet angle, son portrait nous semble davantage fiable qu’en à la représentation de Marquette puisqu’il est généralement admis que plusieurs membres de la famille du missionnaire explorateur avaient le crâne dégarni.

[188] Alfred Hamy, Au Mississippi, la première exploration (1673). Le Père Jacques Marquette de Laon., op. cit., p. 183.

[189] John Lendrum Mitchell, «Acceptance of the Statue of James [Jacques] Marquette, speech of Hon. John L. Mitchell, of Wisconsin, in the Senate of the United States, April 29, 1896», loc. cit., p. 8.

[190] William Freeman Vilas, «Statue of Père Marquette : remarks of Hon. WM. F. Vilas, of Wisconsin, on presentation to Congress by the state of Wisconsin in the Senate of the United States, Wednesday, April 29, 1896», loc. cit., p. 7-16.

[191] Propos repris et puisés dans Société académique de Laon [sous la dir. de Charles Westercamp], «Le Père Marquette (1637-1675)», Jacques Marquette, l’Inauguration de son Monument à Laon, le 13 juin 1937, op. cit., p. 15. Pour éviter toute confusion, soulignons que Monsieur Ginty est décédé en 1890. En ce sens, cette affirmation ne peut pas avoir été prononcée au moment du dévoilement de la statue. Il s’agit plutôt d’une citation formulée lors de la proposition de projet soumise au Congrès, soit en 1887.

[192] Société académique de Laon [sous la dir. de Charles Westercamp], «Le Père Marquette (1637-1675)», Jacques Marquette, l’Inauguration de son Monument à Laon, le 13 juin 1937, op. cit., p. 15.

[193] Relevons que ces deux monuments cruciformes n’existent plus à présent puisqu’ils ont été remplacés par une grande croix de bois installée sur Damen Avenue en 1973.

[194] Bien que l’emplacement exact du décès de Marquette n’a jamais pu être identifié avec certitude, causant par la même occasion quelques débats animés au sein de la communauté historienne, la municipalité de Ludington est généralement retenue comme étant le lieu de son dernier repos.

[195] Les autres statues étant celles d’Antoine Cadillac, du Sieur René-Robert Cavelier de La Salle ainsi que du Père Gabriel Richard.

[196] Fondée le 28 août 1881, la «Marquette University» est une université catholique qui offre un enseignement respectant la tradition jésuite. Établie dans la ville de Milwaukee, elle se fixe pour objectif le développement intellectuel, moral et spirituel de ses étudiants. Selon la mission qu’il se donne, l’établissement d’enseignement adopte une approche qui se veut une expérience qui combine l’acquisition de connaissances à un cheminement spirituel. Ainsi, l’université se perçoit comme un agent à la fois au service de Dieu et de ses étudiants, de même qu’un outil contribuant à l’avancement des connaissances. À titre indicatif, soulignons que l’Université est fortement impliquée dans la majorité des commémorations en lien avec Marquette. Nombre d’entre elles sont d’ailleurs une initiative de l’institution. C’est le cas, entre autres, de la publication d’un fascicule rendant hommage au jésuite lors du 75e anniversaire de l’Université (Michael F. Moloney, Père Marquette, The Inspiration for a Great University, Milwaukee, Marquette University Press, 1955, 21 pages).

[197] La «Pere Marquette Railroad Company» est formée en 1900, suite à la fusion d’une série de petites compagnies ferroviaires du Michigan (les principales étant la «Flint and Pere Marquette», la «Detroit, Lansing and Northern» ainsi que la «Chicago and West Michigan». Au fil des ans, la compagnie passe sous le contrôle de plusieurs compagnies ferroviaires telles que la «Baltimore and Ohio» et l’«Erie». Dans les années 1920, elle passe ensuite sous le contrôle de deux hommes d’affaires de Cleveland, soit Oris et Mantis Van Sweringen. Ces promoteurs contrôlent également la «Nickel Plate», l’«Erie» ainsi que la «Chesapeake and Ohio». Cette dernière compagnie se taille une place de plus en plus importante, forçant la fusion de la «Pere Marquette» le 6 juin 1947. Durant ses années d’opération, la «Pere Marquette» effectue des liaisons jusqu’à Buffalo, New York, Chicago et Toledo (Ohio), de même que des liaisons locales à travers le Michigan, l’Ohio, l’Indiana et l’Ontario. Parallèlement, la compagnie opère une série de traversiers faisant la liaison entre diverses localités du Michigan (Ludington, Milwaukee, Kewaunee, Manitowoc, Port Huron et Détroit, entre autres). Entre 1897 et 1947, ce sont treize bateaux de la «Pere Marquette» qui sillonnent le Lac Michigan, offrant même des liaisons vers Sarnia et Windsor en Ontario. Il est généralement admis que la compagnie a joué un rôle significatif dans le développement technologique lié aux traversiers.

[198] En 1950, l’OTAN installe une base aérienne à Couvron, près de Laon. De 1952 à 1967, les militaires américains et leurs familles habitent alors la «Cité Marquette».

[199] La Marquette Cement Manufacturing Company ouvre ses portes en 1910 dans la municipalité de Cape Girardeau (Missouri). Au fil des ans, une série de bâtiments d'usine, d’ateliers d'usinage et de bâtiments de stockage ont été construits pour cette industrie. À noter que durant le 20e siècle, cette dernière était l’un des principaux producteurs nationaux de ciment Portland (ciment artificiel très résistant, obtenu par la cuisson de calcaire et d’argile).

[200] La «Pere Marquette Historical Society, Inc.» est fondée en 1995. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette association ne s’intéresse pas au missionnaire explorateur, mais plutôt à la «Pere Marquette Railroad Company».

[201] Marquette Heights (Illinois, 3 100 habitants), Marquette (Iowa, 500 habitants), Marquette (Kansas, 600 habitants), Marquette (Michigan, 22 000 habitants), Marquette (Nebraska, 200 habitants), Marquette (Wisconsin, 200 habitants), Marquette (Manitoba, données de recensement non disponibles) ainsi que sous la forme de De Pere (anciennement Père Marquette, Wisconsin, 16 600 habitants). À titre indicatif, soulignons que le nom du compagnon de voyage de Marquette, Louis Jolliet, est également fort populaire : Joliet (Illinois, 76 800 habitants), Jolietville (Indiana, données de recensement non disponibles), Joliet (Montana, 500 habitants), Joliett (Pennsylvanie, données de recensement non disponibles) ainsi que Joliette (Québec, 17 500 habitants).

[202] Ouvert le 17 novembre 1928, cet édifice de style espagnol comportant 6 étages devient rapidement le bâtiment le plus populaire de la ville de Cape Girardeau. Dans la même veine, soulignons qu’à cette époque, il est considéré comme l’un des plus beaux hôtels du MidWest. Cet hôtel demeure en opération jusqu’en juillet 1971, alors que la Missouri Division of Health ferme l’établissement pour des raisons de non-conformité en matière de sécurité. Dès lors, l’édifice est mis en vente et la majorité de son ameublement est vendu à l’encan. Ne trouvant pas preneur, le Marquette Hotel s’enlise vers une tangente de détérioration où se succèdent actes de vandalisme et incendies. Le 13 juillet 2002, le bâtiment est finalement acheté par Prost Builders. Deux années de rénovation permettent à redonner du cachet à ce bijou architectural.

[203] Comprenant 17 suites et 400 chambres à son ouverture en 1927, le bâtiment a subi, en 1981, d’importants travaux de rénovation et de restauration afin de maintenir son statut de principal hôtel de Peoria. Peu de temps après les travaux, soulignons que ce bijou de l’architecture se voit inscrit sur le registre national des lieux historiques.

[204] Ce bâtiment historique de 8 étages est situé dans le quartier français (tout près de la célèbre Bourbon Street) et comporte 280 chambres.

[205] À noter que l’image apparaissant sur le timbre est en fait une reproduction stylisée de la peinture de Wilhelm Lamprecht datant de 1889, elle-même inspirée de la peinture murale de l’église St. Mary de Montréal.

[206] Alfred Hamy, Au Mississippi, la première exploration (1673).  Le Père Jacques Marquette de Laon., op. cit., p. 155-156.

[207] Yves-Marie Lucot, Le Père Marquette à la découverte du Mississippi,  op. cit., p. 136.

[208] Ibid, p. 13.

[209] John Dawson Gilmary Shea, Discovery and Exploration of the Mississipi Valley, Redfield, 1852, 268 pages. Plus tard,  Shea voit son article intitulé «Justice to Marquette» être publié dans l’édition du 10 mars 1855 du Catholic Telegraph. Il réitère alors que Marquette est le premier Européen à avoir sillonné le Mississippi. Balayant du revers de la main les documents douteux de Le Clercq, de La Salle, de Hennepin et de Noiseux sur lesquels reposent les arguments «anti-Marquette», Shea propose même de débourser 100$ à quiconque peut lui fournir des documents du 17e siècle prouvant l’existence des pères Dequerre et Drocoux, deux personnages fort ambigus pour lesquels le récit de Noiseux accorde la paternité de la découverte du Mississippi.

[210] Joseph Brucker, Jacques Marquette et la découverte de la vallée du Mississipi, op. cit., 31 pages.

[211] Extrait puisé à même le site web de l’Association Marquette-Jolliet, intitulé L’Amérique Française. Ces propos  se retrouvent à la page «Jacques Marquette», dans la section «Les Picards», à son tour incluse sur le lien «L’Amérique de Marquette et Jolliet», du chapitre «L’Amérique Française», à l’adresse suivante :

http://www.amerique-francaise.com/accueil.htm.

[212] Société académique de Laon [sous la dir. de Charles Westercamp], «Le Père Marquette (1637-1675)», dans Jacques Marquette, l’Inauguration de son Monument à Laon, le 13 juin 1937, op. cit., p. 16.

[213] L’Illustration, no 4910, 10 avril 1937.

[214] Société académique de Laon [sous la dir. de Charles Westercamp], «Le Père Marquette (1637-1675)», dans Jacques Marquette, l’Inauguration de son Monument à Laon, le 13 juin 1937, op. cit., p. 16.

[215] Il s’agit ici d’une information erronée. Pour dissiper toute confusion, relevons que Marquette a trépassé le 18 mai 1675.

[216] Société académique de Laon, «L’Inauguration du Monument», dans Jacques Marquette, l’Inauguration de son Monument à Laon, le 13 juin 1937, op. cit., p. 1-2.

[217] Arthur J. O’Dea, «The Observance of the Marquette Tercentenary», loc cit., p. 19.

[218] Société académique de Laon [sous la dir. de Charles Westercamp], «L’Inauguration du Monument», dans Jacques Marquette, l’Inauguration de son Monument à Laon, le 13 juin 1937, op. cit., p. 15.

[219] Extrait puisé à même le site web de l’Association Marquette-Jolliet, intitulé L’Amérique Française. Ces propos  se retrouvent à la page d’accueil du site, à l’adresse suivante : http://www.amerique-francaise.com/accueil.htm.

[220] Extrait puisé à même le site web de l’Association Marquette-Jolliet, intitulé L’Amérique Française. Ces propos  se retrouvent à la page «Jacques Marquette», dans la section «Les Picards», à son tour incluse sur le lien «L’Amérique de Marquette et Jolliet», du chapitre «L’Amérique Française», à l’adresse suivante :

http://www.amerique-francaise.com/accueil.htm.

[221] Extrait puisé à même le site web de l’Association Marquette-Jolliet, intitulé L’Amérique Française. Ces propos  se retrouvent à la page «La Maison Marquette», dans la section «Projet Maison de l’Amérique Française», à son tour incluse sur le lien «L’Association Marquette Jolliet», à l’adresse suivante : http://www.amerique-francaise.com/accueil.htm.

[222] Extrait puisé à même le site web de l’Association Marquette-Jolliet, intitulé L’Amérique Française. Ces propos  se retrouvent à la page «Jacques Marquette», dans la section «Les Picards», à son tour incluse sur le lien «L’Amérique de Marquette et Jolliet», du chapitre «L’Amérique Française», à l’adresse suivante :

http://www.amerique-francaise.com/accueil.htm.